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Forum>The Doors>Pensez vous que Jim Morrison est un poète au sens noble du terme ???
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Miami 69


18 Jan 2012, 12:29
Je viens de lire les extraits de l'article qui, selon mes lointains souvenirs ne doit pas être beaucoup plus long dans son intégralité, et je l'avais bizarrement oublié. Mais là je trouve qu'il est vraiment bon. Très fin dans sa critique et sa description du personnage dans son époque. A la fois psychologique et idéologique, il est sans concession et à mon avis très proche de la vérité.

Mais effectivement, l'aspect clownesque n'est pas une découverte de Lester Bangs. Mais il a le mérite de le mentionner tout en ne décrédibilisant pas l'aspect poétique et tragique de Morrison.

Perso, je trouve cet article passionnant.
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Antoine


19 Jan 2012, 0:12
J'ai deux recueils de critique de Lester Bangs, pas ouverts depuis longtemps.

Je ne partage pas cette impression qu'il ait été jaloux des rocks stars qu'il interviewait. Qu'il ait été frustré de ne pas avoir été reconnu comme grand écrivain en son temps, mais uniquement critique rock, qu'on ne lui ait pas accordé ce double statut dont jouissait Hunter S Thompson (dont le style de Bangs n'est jamais très loin), là oui.

Il faut s'intéresser à la musique qu'essayait de faire Bangs (qui jouait du Saxo et gueulait). Elle est très éloignée de ce que pouvait faire les Doors et tous les groupes de rock des 60's qu'il avait chroniqué. C'était le début du punk. Bangs trainait avec les Ramones, en enfants du Velvet et de Captain Beefheart, bien décidé à injecter du crade et de l'expérimental dans le rock.

Il faut le relire: il conchie Bowie pour avoir "rendu propre" Lou Reed et les Stooges, il détruit Led Zep quand ils sortent un truc magnifiquement produit et ne cessera de chercher les petits groupes à la poésie brute et/ou aux sons vilains qui sont pour lui l'essence même du rock, loin de toute mythologie clownesque Roi Lezard & Co.

Dans cette optique là, rater une carrière musicale c'est toujours signe qu'on fait quelque chose de bien. Et c'est rock'n roll. Qui ouvre sur le punk.

Je suis persuadé que si Bangs avait eu du succès en tant que musicien, il aurait tout foutu en l'air après le premier album. Plus rapidement que Syd Barrett ou Beefheart. Trop peur de ressembler à ce dont il se moquait.

Je ne partage pas toujours ses points de vue, le mec a ses propres goûts, mais je ne vois pas les moqueries mal placées. Il a une cohérence, un amour concret de sa culture et quand il trouve que quelqu'un en fait trop (ou quand Morrison fait le clown alors qu'il est capable de bien mieux) il n'hésite pas à lui envoyer une petite crotte de nez.
A vrai dire, il manque de gens comme ça aujourd'hui. Des critiques avec une vision, et qui ne doivent rien à personne.
Ce message a été modifé par Antoine (19 Jan 2012, 0:13)Citer
Antoine


19 Jan 2012, 0:24
Metal MACHINE Music ;) je m'en servais à une époque incertaine et lyrique pour nettoyer des mauvaises ondes chaque nouvelle chambre dans laquelle j'allais emménager. J'y posais ma mini-chaîne en même temps que mes valises, j'allumais et je sortais me promener une petite heure (j'ai donc surtout entendu le début et la fin). Ca permettait en même temps de m'annoncer aux nouveaux voisins. Bon je n'ai dû mener ce rituel que trois fois en tout et pour tout, mais on n'a pas tous les jours vingt ans....

Bangs : Mais Bowie n'a jamais écrit de grande chanson
Lou Reed : T'as jamais écouté The Bewlay Brothers, tête de noeud ?

Il faut relire les hilarantes interviews de Lou Reed par Lester Bangs. Deux mecs qui jouaient à se détester alors qu'ils passaient des heures à discuter. Bangs avait énormément d'estime pour les sons et les mélodies simples et puissantes qu'avait apporté Lou Reed à la culture rock avec le Velvet, et Lou Reed pour Bangs qui était le seul journaliste musical pour lequel il avait de l'estime.

Ce que Bangs ne savait pas à l'époque du Metal Machine Music qu'il encensa (et écouta plusieurs fois, jusqu'à y entendre des fragments de Beethoven en arrière arrière fond, ce qui fit pétiller le regard de Lou Reed), c'est qu'historiquement cet album marquera le dernier truc "potable" de Lou Reed, il fermera la boucle qu'il avait ouvert le premier album du Velvet (et je suis gentil, ça inclue Sally Can't Dance dedans), avant la longue et pénible chute dans la soupe.

"La vie sans héroïne, c'est comme quand tu écoutes les solos de Lou Reed aujourd'hui. Tu te dis ouais, c'est sympa, c'est pas mal. Tout en sachant au fond de toi que c'est nul. A chier"

Irvin Welsh, Trainspotting.
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Sister Mid'nite


19 Jan 2012, 12:05
Lester Bangs qui bossait pour le magazine Creem a envoyé en 1975 Charles Bukowski asssité à un concert des Rolling Stones.

Buk écrit alors:

Bon ok, c'est ça le cirque. Quand même plus propre que le Viet Nam. Mick galope, saute en l'air, colle un coup de latte dans le cul d'un des violonistes. Le crincrin lui exhibe un grand sourire en retour, doucement en connivence, genre "la paie est bonne". Je me suis débiné en avance. Dehors ils avaient l'air de se faire chier.

Buk avait écrit auparavant dans le journal L.A free press également un texte sur les Rolling stones:
Jagger essaya. Et il fut merveilleux. Il répandit plus de sang sur ce plancher qu'une armée de cinq mille hommes, mais en pure perte. Il avait essayer tous les trucs pour se faire accepter... Il était fatigué. Il représentait trop d'argent, il était trop célèbre. Il mentit au public. Il essayait de se rappeler comment c'était au début. Comment c'était quand il était purement et vraiment vrai...
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Nico


19 Jan 2012, 12:37
Je ne peux pas être objectif à propos de Bukowski car il fait partie de mon top 3 des écrivains que je lis et relis régulièrement...
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Sebzh


19 Jan 2012, 12:45
Tiens à ce propos j'ai lu...nan j'en parle pas ici allez je suis réglo
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jimla


19 Jan 2012, 13:31
Citation de Sebzh :
Tiens à ce propos j'ai lu...nan j'en parle pas ici allez je suis réglo


il n'y a pas de honte à lire Hank, tu as lu quoi ? Contes de la Folie Ordinaire ou Mémoire d'un vieux dégueulasse ? lol, en fait il aimait bien la musique classique Monsieur Bukowski, et puis il l'écoutait à la radio, de préférence.
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Grégoire


20 Jan 2012, 8:38
Citation de Nico :
Je ne peux pas être objectif à propos de Bukowski car il fait partie de mon top 3 des écrivains que je lis et relis régulièrement...


Alors tu es probablement déjà au courant que les éditions 13e Note sortent un inédit en Mars ? ;)
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crazynef


24 Jan 2012, 6:40
jim morrison est certainement un poète et de talent, une simple lecture de ses textes devrait vous en convaincre...
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Antoine


24 Jan 2012, 7:28
euh...on a le droit d'avoir un avis plus nuancé ?
La discussion sur ces trois dernières pages pourrait t'en convaincre...

Bienvenu(e?) à toi
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jimla


24 Jan 2012, 10:21
Citation de crazynef :
jim morrison est certainement un poète et de talent, une simple lecture de ses textes devrait vous en convaincre...



oui, Morrison, c'est l'Intelligence Pure, dénuée d'ambition, ça existe mais ça dépasse le monde, / le génie, ou les génies sont des imcompris, tour à tour fêtards, lucides, sérieux, obesrvateurs, et grands déconneurs, le tout en même temps, ils brûlent leur vie, ils vont vite.

Ils cherchent des connecteurs, ils ont le cerveau de 7 personnes réunies. Parce qu'ils sont seuls au départ, et incompris, il y a une mise à l'écart, alors ils essaient de se regrouper, avec ceux qu'ils croient leur "Alter Ego"... mais la loyauté, la trahison ont tués Jim ;

Bref, Jim aurait mieux fait d'étudier le cosmos et les étoiles, la voie lactée, il aurait été connecté à des chercheurs de même niveau de le sien, qui sont passionnés par l'Univers, mais à fait l'erreur de se croire dans une "famille", avec laquelle il aurait pu accomplir des merveilles, ( ce qu'il a fait, mais à quel prix ?) cette "famille" qui ne cherchaient que la réussite. bienvenu crazynef :-D
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Antoine


24 Jan 2012, 10:45
Voilà, par exemple j'ai un avis plus réservé sur le génie de Morrison, mais il y aussi celui de Stone.
Ship of Fools c'est sympa, il y a de tous les avis sur Morrison et les Doors.
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crazynef


25 Jan 2012, 3:29
bien sur Antoine, mon message c'est vrai semble tout droit sortit de la bouche d'une midinette. j'entends plus que Jim Morrison, garçon plutôt cultivé et de part l'influence d'auteurs comme Rimbault, Sartre, et admirateur de jérome Bosh pour ne citer que les sources les plus célèbres, sans compter pour son génie de la prose mérite une première lecture des plus attentives. c'est un auteur qui mérited'être lu, quant'à l'avis sur l'écrit en lui même il est bien sur à nuancer.
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Sister Mid'nite


4 Aoû 2012, 15:50
J'ai pas voulu crée un nouveau topic donc je balance les points de vue de Morrison ici


LE DESTIN : « On peut dire que je suis destiné à faire ce que je fais, ce n’est pas un hasard. C’est la sensation d’être un arc en tension depuis 22 ans qui se relâche d’un seul coup. Les idées de rébellion contre l’autorité m’ont toujours attiré. Tout comme les idées à propos de l’insoumission ou du renversement de l’ordre établi. Je croîs que la rébellion extérieure est une façon de parvenir à la liberté interne ; le mental à travers le physique ».


LA SOCIETE OCCIDENTALE : « La civilisation occidentale part en vrille, il n’y a même pas besoin d’un tremblement de terre pour l’achever. La musique que l’on joue, c’est comme une dernière danse de mort. (…) J’évoque des images, des souvenirs de liberté. Mais nous ne pouvons qu’ouvrir des portes ».


L'INDIVIDU : « On souffre tous, plus ou moins, du syndrome du " voyeur ". Pas dans le sens strictement médical ou criminel, mais dans notre attitude physique ou émotionnelle face au monde qui nous entoure. Chaque fois que l’on essaie de rompre ce maléfice de passivité, nos actions sont cruelles, comme un invalide qui a oublié comment on marche ».


L'ECOLE : « J’avais la sensation (…) d’acquérir des œillères, d’être dirigé, avec mes amis, vers un long tunnel toujours plus étroit. On prend un risque en fréquentant l’école. On a autant à y perdre qu’à y gagner ».


LA LIBERTE : « Je croîs que les points maximum et minimum sont les plus importants. Tout le reste n’est que moyen terme. Je veux être libre de pouvoir goûter à tout ».


L'OEUVRE : « The doors provient de l’Ouest. Le monde qu’on suggère pourrait être une sorte de nouveau Far West sauvage, un monde sensuel et diabolique, étrange et inoubliable ».


LES CHANSONS : « les cinq ou six premières que j’ai composées étaient, en réalité, les notes d’un concert fantastique qui s'est déroulé dans ma tête ».


LE GROUPE : « On est une société artistique et financière. On partage tout équitablement. Au début, c’était l’idée de nous maintenir unis, car on avait, et on a toujours, une vision très distincte de la réalité et aussi des intérêts très différents ».


LES CONCERTS : « C’était une question de vie ou de mort, une tentative pour emmener les spectateurs dans un monde intérieur ».


LE PUBLIC : « Les jeunes représentent l’avenir. On peut les changer, les influencer, les modeler. Le public juvénile est comme une feuille vierge, préparée pour que l’on écrive dessus. Et moi, je suis l’encre ».


ROCK'N'ROLL ATTITUDE : « Il n’y a pas de règle dans un concert de rock. Tout est possible ».


LE COURANT ARTISTIQUE : « Je pense que le grand afflux d’énergie créatrice qui s’est produit il y a trois ou quatre ans a été très difficile à gérer, surtout pour les artistes les plus sensibles. Peut-être pourraient-ils se satisfaire que des sommets ? Quand la réalité cesse de correspondre à leurs idéaux, ils traversent une phase de dépression. Mais ce n’est pas la raison pour laquelle on meurt. Accident, suicide, meurtre, il y a beaucoup de façon de mourir ».


LA MUSIQUE : « les deux genres musicaux de base de l’Amérique sont la musique noire, le blues et la musique folk ramenée d’Europe, on appelle ça la country music, ou les airs solitaires de la Virginie. Leur fusion nous a donné le rock’n’roll. Je vois dans quatre ou cinq ans, une fusion avec un troisième type de musique. Avec une seule personne et sa voix, mais entourée de machines, de bandes son, d’électronique, etc.» « Je ne parle pas de révolution. Je ne parle pas de manifestation. Je parle de la mort du rock’n’roll (…) La mort du rock, c’est la mienne ».


LE CINEMA : « Ce qu’il y a de bien avec le cinéma, c’est qu’il n’y a pas d’experts, pas d’autorités. N’importe qui peut assimiler et retenir toute l’histoire du cinéma, ce que l’on ne peut pas faire avec les autres arts. Comme il n’y a pas d’experts, en théorie un étudiant en sait presque autant qu’un professeur ».

ALCOOL : « Se saouler c’est comme si … bon, je suppose que c’est la différence entre le suicide et la capitulation lente ».
Ce message a été modifé par Sister Mid'nite (4 Aoû 2012, 15:51)Citer
Nico


6 Aoû 2012, 1:27
Sympa Sister ce petit retour aux sources avec ce florilège de citations !
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Sister Mid'nite


27 Aoû 2012, 12:02
Morrison disait que si sa poésie devait avoir un rôle, ce serait de rendre les gens libres.

En lisant ses différents recueils, on s'aperçoit rapidement que beaucoup d'écrits sont mystérieux. Morrison aborde évidemment les thèmes classiques de la littérature universelle (l'amour, la mort, la folie, le sexe, etc...) mais il les traite à travers une vision sombre de la vie et du monde qui a fait dire à certains que Morrison, comme beaucoup d'autres artistes de son époque, était un adepte de courants ésotériques voir satanistes. On sait que durant son adolescence, il s'est passionné pour des ouvrages traitant de sorcellerie, mais Morrison ne s'est jamais ouvertement réclamé de personnalité qui "prêchait" le diabolisme comme Aleister Crowley qu'admirait Jimmy Page notamment.

Pour brouiller encore un peu plus les pistes, lors d'une séance photo, Jim pose avec la buste du "mage sataniste" anglais Aleister Crowley...

Ce message a été modifé par Sister Mid'nite (30 Aoû 2012, 13:57)Citer
Sister Mid'nite


27 Aoû 2012, 12:26
Un mec a comparé un texte tiré du "Livre de la loi" de Crowley et " An american prayer" de Morrison.

Le mec a remarqué que Morrison avait divisé le texte avec un slash horizontal. Il a compté "ces pauses" et a remarqué que la 1e section du Livre de la Loi avait le même nombre de divisions. Il a alors inséré une ligne écrite par Morrison entre chaque ligne de Crowley.

Voilà le résultat ( pour les insomniaques ou les personnes curieuses)

Les parentés sont assez évidentes.



CROWLEY (C): Had! The manifestation of Nuit.

Morrison (M): The Celebration of the Lizard.



C: The unveiling of the company of Heaven

M: Do you know the warm progress
under the stars?
Do you know we exist?
Have you forgotten the keys to the kingdom?
Have you been born yet
& are you alive?

C: Every man and woman is a star

M: Let's reinvent the gods, all the myths
of the ages
Celebrate symbols form deep elder forests
[Have you forgotten the lessons
of the ancient war]

C: Every number is infinite;
there is no difference

M: We need great golden copulations

C: Help me, oh warrior of Thebes,
in my unveiling before the Children of men!

M: The Fathers are cackling in the trees of the forrest
our mother is dead in the sea

C: Be thou Hadit, my secret centre,
my heart and my tongue!

M: Do you know we are being led to
slaughters by placid admirals
& that fat slow generals are getting
obscene on young blood

C: Behold!
It is revealed by Aiwass the minister of Hoor-paar-kratt.

M: Do you know we are ruled by T.V.
The moon is a dry blood beast
Gerilla bands are rolling numbers
in the next block of green vine
amassing for warfare on innocent herdsmen
who are just dying

C: The Khabs is in the Khu,
not the Khu in the Khabs.

M: O great creator of being
grant us one more hour to
preform our art
& perfect our lives.

C: worship then the Khabs,
and behold my light shed over you!

M: The moths & atheists are doubly divine
& dying
We live, we die
& death not ends it
Journey we more into the
Nightmare
Cling to life
our passion'd flower
Cling to cunts & cocks
of despair
We got our final vision
by clap
Columbus' groin got
filled w/ green death
(I touched her thigh & death smiled)

C: Let my servants be few and secret:
they shall rule the many & the known

M: We have assembled inside this ancient
& insane theatre
To propagate our lust for life
& flee the swarming wisdom
of the streets
The barns are stormed
The windows kept
& only one of all the rest
To dance & save us
W/ the divine mockery
of words
Music inflames temperament

C: These are fools that men adore;
both their Gods & their men are fools.

M: (When the true King's Murders
are allowed to roam free
a 1000 magicians arise
in the land)

C: Come forth, O children, under the stars,
& take your fill of love!

M: Where are the feasts
we were promised?
Where is the wine
The New Wine
(dying on the vine)

C: I am above you and in you.
My ecstasy is in yours.
My joy is to see your joy.

M: resident mockery
give us an hour for magic
We of the purple glove
We of starling flight
& velvet hour
We of arabic pleasures breed
We of sundome & the night.

C: Above, the gemm'ed azure is
The naked splendour of Nuit;
She bends in ecstasy to kiss
The secret ardours of Hadit.
The wing'ed globe, the starry blue, Are mine,
O Ankh-af-na-khonsu!

M: Give us a creed
To believe
A night of Lust
Give us trust in
The Night

C: Now ye shall know that the chosen priest
& apostle of infinite space
is the prince-priest
the Beast;
and in his woman called the Scarlet Woman
is all power given.
They shall gather my
children into their fold:
they shall bring the glory
of the stars into the hearts of men.

M: Give of color
hundred hues
a rich Mandala
for me & you

C: For he is ever a sun, and she a moon.
But to him is the secret flame,
and to her the stooping starlight.

M: & for your silky
pillowed house
a head, wisdom
& a bed

C: But ye are not so chosen.

M: Troubled decree
Resident mockery
has claimed thee

C: Burn upon their brows,
o splendrous serpent!

M: We used to believe
in the good old days
We still receive
In little ways.

C: O azure-lidded woman,
bend upon them!

M: The Things of Kindness
& unsporting brow
Forget and allow

C: The key of the rituals is in the secret word which I have given unto him.

M: Did you know freedom exists
in a school book
Did you know madmen are
running our prison
w/in a jail, w/in a gaol
w/in a white free protestant
Malestrom?

C: With the God and the Adorer I am nothing:
they do not see me.
They are as upon the earth;
I am Heaven,
and there is no other God than me,
and my lord Hadit.

M: We're perched headlong
on the edge of boredom
We're reaching for death
on the end of a candle
We're trying for something
That's already found us

C: Now, therefore,
I am known to ye by my name Nuit,
and to him by a secret name which I will give him when at last he knoweth me.
Since I am infinite Space,
and the Infinite Stars thereof,
do ye also thus. Bind nothing!
Let there be no
difference made among you between any one thing
& any other thing;
for thereby there cometh hurt.

M: We can invent Kingdoms of our own
grand purple thrones, those chairs of lust
& love we must, in beds of rust.

C: But whoso availeth in this,
let him be the chief of all!

M: Steel doors lock in prisoner's screams
& muzak, AM, rocks their dreams
No black men's pride to hoist the beams
while mocking angels sift what seems

C: I am Nuit,
and my word is six and fifty.

M: To be a collage of magazine dust
Scratched on foreheads of walls of trust
This is just jail for those who must
get up in the morning & fight for such

C: Divide, add, multiply,
and understand.

M: unstable standards
while weeping maidens
show-off penury & pout
ravings for a mad
staff

C: Then saith the prophet and slave of the beauteous one:
Who am I,
and what shall be the sign?
So she answered him,
bending down,
a lambent of blue,
all touching, all penetrant,
her lovely hands upon the black earth,
& her lithe body arched for love,
and her soft feet not hurting
the little flowers:
Thou knowest!
And the sign shall be my ecstasy,
the consciousness of the continuity of existence,
the omnipresence of my body.

M: Wow, I'm sick of doubt
Live in the light of certain
South

C: Then the priest answered & said unto the Queen of Space,
kissing her lovely brows,
and the dew of her light bathing his whole body in a sweet-
smelling perfume of sweat:
O Nuit, continuous one of Heaven,
let it be ever thus;
that men speak not of Thee as One but as None;
and let them speak not of thee at all,
since thou art continuous!

M: Cruel bindings
The servants have the power
dog-men & their mean women
Pulling poor blankets over
our sailors
(& where were you in our
lean hour)
Milking your mustache?
or grinding a flower?
I'm sick of dour faces
Staring at me from the T.V.
Tower. I want roses in
my garden bower; dig?
Royal babies, rubies
must now replace aborted
Strangers in the mud
These mutants, blood-meal
for the plant that's plowed

C: None,
breathed the light,
faint and faery,
of the stars,
and two.

M: They are waiting to take us into
the severed garden
Do you know how pale & wanton thrillful
comes death on a strange hour
unannounced, unplanned for
like a scaring over-friendly guest you've
brought to bed
Death makes angels of us all
& gives us wings
where we had shoulders
smooth as raven's
claws

C: For I am divided for love's sake, for the
chance of union.

M: No more money, no more fancy dress
This other Kingdom seems by far the best
until its other jaw reveals incest
& loose obedience to a vegetable law

C: This is the creation of the world, that the
pain of division is as nothing, and the joy of
dissolution all.

M: I will not go
Prefer a Feast of Friends
To the Giant family



II

C: For these fools of men and their woes care
not thou at all! They feel little; what is, is
balanced by weak joys; but ye are my chosen
ones.

M: Great screaming Christ
Upsy-daisy
Lazy Mary will you get up
upon a Sunday morning

C: Obey my prophet!
follow out the ordeals of my knowledge
seek me only!
Then the joys of my love will redeem ye from all pain.
This is so: I swear it by the vault of my body;
by my sacred heart and tongue;
by all you can give,
by all I desire of ye all.

M: "The movie will begin in 5 moments"
The mindless Voice announced
"All those unseated will await
The next show"

C: Then the priest fell into a deep trance or swoon,
& said to the Queen of Heaven;
Write unto us the ordeals; write unto us the rituals;
write unto us the law!

M: We filed slowly, languidly
into the hall. The auditorium
was vast, and silent.
As we seated and were darkened
The Voice continued:

C: But she said: the ordeals I write not:
the rituals shall be half known
and half concealed:
the Law is for all.

M: "The program for this evening
is not new. You have seen
This entertainment thru & thru.
You've seen your birth, your
life and death; you might recall
all of the rest-(did you
have a good world when you
died?)- enough to base
a movie on?"

C: This that thou writest is the threefold
book of the Law.

M: An iron chuckle rapped our
minds like a fist.

C: My scribe Ankh-af-na-khonsu,
the priest of the princes,
shall not in one letter change this book;
but lest there be folly,
he shall comment thereupon by the wisdom of
Ra-Hoor-Khu-it.

M: I'm getting out of here
Where are you going?
To the other side of morning
Please don't chase the clouds
pagodas, temples

C: Also the mantras and spells;
the obeah and the wanga;
the work of the wand and the work of the sword;
these he shall learn and teach.

M: Her cunt gripped him
like a warm friendly
hand.

C: He must teach;
but he may make severe the ordeals.

M: "It's alright.
All your friends are here."

C: The word of the Law is θέλημα.

M: When can I meet them?
"After you've eaten"
I'm not hungry
"O, we meant beaten"

C: Who calls us Thelemites will do no wrong,
if he look but close into the word.
For there are therein Three Grades,
the Hermit,
and the Lover,
and the man of Earth.
Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

M: Silvery stream, silvery scream,
impossible concentration

C: The word of Sin is restriction. O man!
refuse not thy wife, if she will!
O lover, if thou wilt,
depart!
There is no bond that can unite the divided but love:
all else is a curse. Accurs'ed!
Accurs'ed be it to the aeons!
Hell.

M: Here come the comedians
look at them smile
Watch them dance
an indian mile

C: Let it be that state of manyhood bound and loathing.
So with thy all;
thou hast no right but to do thy will.

M: Look at them gesture
How aplomb
So to gesture everyone

C: Do that, and no other shall say nay.

M: Words dissemble
Words be quick
Words resemble walking sticks

C: For pure will, unassuaged of purpose,
delivered from the lust of result,
is every way perfect.

M: Plant them
They will grow
Watch them waver so

C: The Perfect and the Perfect are one Perfect
and not two;
nay, are none!

M: I'll always be
a word-man
Better than a birdman

C: Nothing is a secret key of this law.
Sixty-one the Jews call it;
I call it eight, eighty, four hundred and eighteen.

M: But I'll charge
Won't get away
w/out lodging a dollar

C: But they have half :
unite by thine art
so that all disappear.

M: Shall I say it again
aloud, you get the point
No food w/out fuel's gain

C: My prophet is a fool with his
one, one, one;
are not they the Ox,
and none by the book?

M: I'll be, the irish loud
unleashed my beak
at peak of powers

C: Abrogate are all rituals,
all ordeals, all words and signs.
Ra-Hoor-Khuit hath taken his seat in the East
at the Equinox of the Gods;
and let Asar be with Isa,
who also are one.
But they are not of me.
Let Asar be the adorant,
Isa the sufferer;
Hoor in his secret name and splendor
is the Lord initiating.

M: O girl, unleash
your worried comb

C: There is a word to say about the Hierophantic task.
Behold! there are three ordeals in one,
and it may be given in three ways.
The gross must pass through fire;
let the fine be tried in intellect,
and the lofty chosen ones in the highest.
Thus ye have star & star, system & system;
let not one know well the other!

M: O worried mind

C: There are four gates to one palace;
the floor of that palace is of silver and gold;
lapis lazuli and jasper are there;
and all rare scents;
jasmine and rose, and the emblems of death.
Let him stand on the floor of the palace.
Will he not sink?
Amn. Ho! warrior, if thy servant sink?
But there are means and means.
Be goodly therefore: dress ye all in fine apparel;
eat rich foods and drink sweet wines and wines that foam!
Also, take your fill and will of love as ye will,
when, where and with whom ye will!
But always unto me.

M: Sin in the fallen
Backwoods by the blind

C: If this be not aright;
if ye confound the space-marks, saying: They are one;
or saying, They are many;
if the ritual be not unto me:
then expect the direful judgements of Ra Hoor Khuit!

M: She smells debt
on my new collar

C: This shall regenerate the world,
the little world my sister,
my heart and my tongue,
unto whom I send this kiss.
Also, o scribe and prophet, though thou be of the princes,
it shall not assuage thee nor absolve thee.
But ecstasy be thine and joy of earth:
ever To me! To me!

M: Arrogent prose
Tied in a network of fast quest
Hence the obsession

C: Change not as much as the style of a letter;
for behold! thou, o prophet,
shall not behold all these mysteries hidden therein.

M: Its quick to admit
Fast borrowed rythm
Women came between them

C: The child of thy bowls, he shall behold them.

M: Women of the world unite
Make the world safe
For a scandalous life

C: Expect him not from the East, nor from the West;
for from no expected house cometh that child.
Aum!
All words are sacred and all prophets true;
save only that they understand a little;
solve the first half of the equation,
leave the second unattacked.
But thou hast all in the clear light,
and some, though not all,
in the dark.

M: Hee Hee
Cut your throat
Life is a joke

C: Invoke me under the stars!
Love is the law, love under will.
Nor let the fools mistake love;
for there are love and love.
There is the dove, and there is the serpent.
Choose ye well!
He, my prophet, hath chosen,
knowing the law of the fortress,
and the great mystery of the house of God.
All these old letters of my Book are aright;
but צ is not the Star.
This also is secret: My prophet shall reveal it to the wise.

M: Your wife's in a moat
The same boat
Here comes the goat

C: I give unimaginable joys on earth:
certainty, not faith,
while in life, upon death;
peace unutterable, rest,
ecstasy;
nor do I demand aught in sacrifice.

M: Blood Blood Blood Blood
They're making a joke
of our universe



III

C: My incense is of resinous woods and gums;
and there is no blood therein:
because of my hair the trees of Eternity.

M: Matchbox
Are you more real than me
I'll burn you, & set you free
Wept bitter tears
Excessive courtesy
I won't forget



IV

C: My number is 11,
as all their numbers are with us.
The Five Pointed Star,
with a Circle in the Middle,
& the circle is Red.
My colour is black to the blind,
but blue and gold are seen of the seeing.
Also I have a secret glory for them that love me.

M: A hot sick lava flowed up,
Rustling and bubbling.
The paper face.
Mirror -mask, I love you mirror.

C: But to love me is better than all things:
if under the night-stars in the desert thou presently burniest mine incense before me,
invoking me with a pure heart,
and the Serpent flame therein,
thou shalt come a little to lie in my bosom.
For one kiss wilt thou then be willing to give all;
but whoso gives one particle of dust shall lose all in that hour.
Ye shall gather goods and store of women and spices;
ye shall wear rich jewels;
ye shall exceed the nations of the earth in splendour and pride;
but always in the love of me, and so shall you come to my joy.
I charge you earnestly to come before me in a single robe,
and covered with a rich headdress.
I love you!
I yearn to you!
Pale or purple, veiled or voluptuous,
I who am all pleasure and purple,
and drunkenness of the innermost sense,
desire you.
Put on the wings, and arouse the coiled splendour within you:
come unto me.

M: He had been brainwashed for 4 hrs.
The LT. puzzled in again
"ready to talk"
"No sir"- was all he'd say.
Go back to the gym.
Very peaceful
Meditation

C: At all my meetings with you shall the priestess say-
and her eyes shall burn with desire as she stands bare and rejoicing in my secret temple-
To me! To me!
calling forth the flame of the hearts of all in her love-chant.

M: Air base in the desert
looking out venetian blinds
a plane
a desert flower
cool cartoon

C: Sing the rapturous love-song unto me!
Burn to me perfumes!
Wear to me jewels!
Drink to me,
for I love you! I love you!

M: The rest of the World
is reckless and dangerous
Look at the
brothels
Stag films
Exploration

C: I am the blue-lidded daughter of Sunset;
I am the naked brilliance of the voluptuous night-sky.



V

M: A ship leaves port
mean horse of another thicket
wishbone of desire
decry the metal fox

C: To me! To me!

M: The End

C: The Manifestation of Nuit is at an end.
Citer
Sister Mid'nite


27 Aoû 2012, 13:10
Le magazine Circus a publié un entretien avec Morrison en 1970.

Le journaliste introduit son sujet de la façon suivante:

"Quelle que soit votre vision personnelle de l'enfer, il est toujours rassurant de rencontrer, si toutefois une telle opportunité s'offre à vous, des amis qui par un coup du sort extraordinaire, un miracle à la James Bond, peuvent vous sauvez du pire à l'extrême seconde, avant que le maître n'engloutisse votre esprit à jamais.

L'enfer : comment vous le représentez-vous ?

Un concept insaisissable, fascinant, aussi effrayant que l'idée du maître des lieux. L'entité physique revêt d'innombrables formes, notre imaginaire n'y voit que révolte et désolation, explosion de feux et précipices. Sa lumière aveuglante se fraie un chemin à travers notre conscience médiévale, où dorment les sabots, les cornes et les fourches, les crops rôtis comme des guimauves sur des charbons ardents, ce que les siècles futurs appelleront notre paranoïa.

Satan était notre croque-mitaine, il était celui qui effrayait les vilains enfants par les nuits obscures, et puis... il est devenu à la mode, la musique et la presse l'ont glorifié.

Certains l'ont même incarné, et parmi les derniers d'entre eux, le satanique Mick Jagger et le démoniaque Jim Morrison, les diables américains les plus sexy des années 60. De l'image de Jim, tout ou presque a été dit, et de façon explicite, lors d'entretiens réalisés précédemment ou dans des articles de presse. Les concerts n'ont fait que parachever cette image. Son escapade à Miami l'été passé s'inscrit pourtant dans quelque chose de totalement différent. "
Ce message a été modifé par Sister Mid'nite (27 Aoû 2012, 13:39)Citer
David


11 Jul 2015, 13:20
Si on parle,de poésie et musique,les textes de Léo Férré sont de la poésie mise en musique !You're Lost Little Girl Hello I Love You,Indian Summer, Love Street,c'est de la poésie pour adolescentes àgées en 13 et 18 piges,croyant au prince charmant ! L'image Morrisonienne poster sex-symbol sapé en cuir ...d'la poudre aux yeux ! Comme le dit Lavilliers dans Plus Dure Sera La Chute...un tapis de dollars ! Moi j'aime le Morrison de The End,Moonlight Drive,When The Music's Over,Not To Touch The Earh,Five To One,Wild Child,Soft Parade,Roadhouse Blues,Maggie Mc Gill,L.A. Woman etc etc...Malgré que Raymond Daniel Manczarek (avec le C lol) aient crachés sur le navet mode Gala,Closer,et autres torches-culs du meme accabit,d'Oliver Stone,il a quand meme bien arrangé leurs bidons,car depuis 91,leurs comptes en banque ont encore plus gonflés ! Quand j'vois Densmore sortir un bouquin sur les démélés judiciaires qu'il a eu avec Manzarek et Kriegger ça m'fait bien marrer ! Il aurait du avoir le role du "Chevalier Blanc" dans le film réalisé par Coluche en 77 "Vous N'aurez Pas L'Alsace Et La Lorraine", role que Densmore à décliné à l'époque,qui fut finalement interprété par Gérard Lanvin ha ha ha ! Densmore il en a pas croquer lui aussi sur la légende Morrison?! hahaha ! Son dernier bouquin se vend encore et toujours sur le mythe The Doors...donc tout est dit...Basta !
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David


11 Jul 2015, 13:44
Ce qui me fait encore plus rire,c'est les gens qui citent Morrison d'après les bios ! J'suis né le 5 Juin 81,j'ai donc 34 piges!J'connais les Doors depuis tout gamin par rapport à mon qu'en a 56 ! Mon père à connu les Doors dans les années 74-75,quand il avait 13-14 ans.Le 1er album des Doors qu'il à eu c'était Morrison Hotel,qu'il s'est fait importé à la FNAC de Metz,car les Doors étaient très peu connus en France à L'époque !C'a lui à couté une fortune ! J'ai toutes les bios sur Morrison,de la première celle de Sugerman et Hopkins,en passant par celles de Manzarek,Densmore,et Frank Lisciandro,la seule que j'ai pa réussi à trouver c'est celle d'Hervé Muller sortie en 73 "Jim Morrison Au Delà Des Doors".Au bout d'un moment,vers l'age de 24-25 piges j'me suis dit"arrete tes conneries mec!" Les gens qui écrivent des bios sur Morrison,mis à part Lisciandro,Manzarek,et Densmore,est-ce qu'il réellement connus Morrison? Dans une biographie tu mets ce que tu veux ! Et c'est valable pour Densmore,Lisciandro,et Manzarek,tant que l'accroche du Roi Lézard,fait augmenter le tirage des presses dans les impremeries,et le nombre des ventes tout est bon ! Alors quand je vois tous ces gens du monde entier qui idolatrent James Douglas Morrison tel un dieu sur Facebook...je réecoute les deux chansons de Léo L'idole et Ni Dieu Ni Maitre,et je redescend sur terre ha ha ha !
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L.A_Man


25 Jul 2015, 10:02
Citation de David :
... J'ai toutes les bios sur Morrison,de la première celle de Sugerman et Hopkins,en passant par celles de Manzarek,Densmore,et Frank Lisciandro,la seule que j'ai pa réussi à trouver c'est celle d'Hervé Muller sortie en 73 "Jim Morrison Au Delà Des Doors".Au bout d'un moment,vers l'age de 24-25 piges j'me suis dit"arrete tes conneries mec!" Les gens qui écrivent des bios sur Morrison,mis à part Lisciandro,Manzarek,et Densmore,est-ce qu'il réellement connus Morrison? Dans une biographie tu mets ce que tu veux ! ...


:-)
Et les auteurs des biographies comme celles écrites sur Da Vinci ou Michel-Ange – tu crois qu’ils ont eu la chance de rencontrer leurs sujets ?!
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Sister Mid'nite


8 Jul 2019, 12:52
William Cook avait publié en 2003 un texte dans lequel il essayait de répondre à l'une des questions qui revient souvent lorsque l'on parle de James Douglas Morrison.

Jim Morrison est-il un poète talentueux ?


Comme d'habitude, je vais publier ma traduction en plusieurs parties.


Première partie


Cook commence par une citation du philosophe allemand Friedrich Nietzsche (professeur de philosophie à l'université de Bâle en Suisse) tirée de son livre "Par delà le bien et le mal" publié en 1886:

« Celui qui se bat avec des monstres doit faire attention à ne pas devenir un monstre. Et si tu regardes dans un abîme, l'abîme aussi te regardera.»


Il poursuit:


La poésie de James Douglas Morrison est née d'une période de changements sociaux et politiques tumultueux dans l'histoire américaine et mondiale. En plus des convictions sociales et politiques de Morrison, sa poésie tisse des liens avec le monde de la littérature, en particulier les courants qui ont façonné la poésie de son époque.

Sa poésie exprime également ses propres expériences, pensées, développements et maturation en tant que poète, depuis ses réflexions sur le cinéma à l'UCLA dans "Seigneurs et Nouvelles Créatures", à ses derniers poèmes dans "Wilderness" et "La nuit américaine".

Dans cet essai, j'ai l'intention de montrer Morrison comme un poète américain talentueux, dont l'œuvre mérite d'être sérieusement prise en considération dans le contexte de la tradition littéraire américaine. En discutant de sa poésie sous l'angle des influences de Morrison et de ses propres idées, je serai en mesure de montrer ce qui le distingue comme un poète américain important.

Afin de révéler sa capacité à créer comme poète, je me concentrerai sur ses propres mots et sa poésie. A travers ses écrits antérieurs, je montrerai l'influence de Nietzsche et de poètes français comme Arthur Rimbaud et Antonin Artaud.



Le style poétique de Morrison se caractérise par une ambiguïté de sens qui sert à exprimer la pensée et le sentiment subconscient, une tendance aujourd'hui généralement associée au postmodernisme ou à l'avant-garde.

Sa force réside dans le fait qu'il crée une poésie qui a un effet marquant sur le lecteur. Dans ses poèmes, il utilise des mots et des images très évocateurs. Bien qu'il soit évident que Morrison s'inspirent fortement d'autres écrivains, il réussit quand même à s'approprier ces influences en les adaptant à son style, ses expériences et ses idées. On s'attendrait à trouver des restes de citations, de lignes et d'idées volées chez un écrivain de moindre envergure, mais Morrison montre sa force en tant que poète en résistant au plagiat pour atteindre l'originalité.

Comme l'a dit T. S. Eliot, « Les mauvais poètes empruntent, les bons poètes volent.»


La poésie de Morrison est parfois très surréaliste, mais aussi hautement symbolique : il y a un sens omniprésent de l’irrationnel, du chaotique et de la violence. Un effet produit par des juxtapositions étonnantes d’images et de mots.

Cette poésie révèle un monde étrange, un endroit peuplé de personnages qui sortent directement du cirque imaginaire de Morrison et de l'étrange cité qu'est Los Angeles. Le discours de Morrison est une langue maternelle, et son œil est celui d’un poète américain visionnaire. Il appartient à ce que le poète et critique Jérôme Rothenberg appelle « la Prophétie américaine... présente dans tout ce qui parle de notre sentiment d’identité et de notre besoin de renouvellement."

Rothenberg voit cette tradition prophétique comme « affirmant la fonction la plus ancienne de la poésie, qui est d’interrompre les habitudes de la conscience ordinaire au moyen d’utilisations plus précises et très chargées du langage et de fournir de nouveaux outils pour découvrir le rapport sous-jacent de toute vie...»

Un intérêt particulier pour l’interaction entre le mythe et l’histoire parcourt toute la littérature américaine. Thoreau, Emerson et Whitman ont vu la fonction du poète en partie comme révélatrice du sens visionnaire de notre vie par rapport au temps et au lieu où nous vivons. Ils mettent l’accent sur « la relation entre le mythe et l’histoire, entre la poésie et la vie, comme le sens central d’une tradition indigène prophétique.»
Ce message a été modifé par Sister Mid'nite (3 Aoû 2019, 2:25)Citer
Geoffrey


8 Jul 2019, 13:42
J'en profite pour mentionner le lancement du site officiel de Jim Morrison: http://jimmorrison.com/
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Sister Mid'nite


9 Jul 2019, 1:47
Citation de Geoffrey :
J'en profite pour mentionner le lancement du site officiel de Jim Morrison: http://jimmorrison.com/


Jim qui lance son site. Besoin de rétablir sa vérité ?
Ce message a été modifé par Sister Mid'nite (9 Jul 2019, 1:59)Citer
Sister Mid'nite


9 Jul 2019, 7:45
Deuxième partie


Critiquer le mythe Morrison


En 1994, Wallace Fowlie, professeur de littérature française à l'Université Duke (en Caroline du Nord), a publié la première étude scientifique sur la poésie du charismatique chanteur des doors.

Le livre s'intitule "Rimbaud & Jim Morrison : le rebelle comme poète", et comme son titre l'indique, il s'agit d'une étude comparative de la vie et de l'œuvre d'Arthur Rimbaud et Jim Morrison. Le fait que Morrison avait écrit à Fowlie, le remerciant pour sa traduction de "Rimbaud - Complete works, selected Letters" publié en 1966 a servi de point de départ à la comparaison des deux poètes par Fowlie.

Malgré les bonnes intentions apparentes de Fowlie, sa connaissance de l'oeuvre de Rimbaud et sa compréhension du symbolisme français l'emportent de loin sur les observations qu'il fait sur la poésie de Morrison.

Le point le plus perspicace qu'il soulève est peut-être le qualificatif de "Kouros" qu'il donne à Morrison. Ce mot du grec ancien signifie "jeune homme" et désigne également un type de statue d'homme nu (datant du 7ème et 6ème avant J-C). Parfois "Kouros" a le sens "d'une malédiction jetée sur les jeunes qui tourmentent insolemment les personnes âgées."


Après avoir "par accident" apporté sa contribution au mythe de Morrison en le stéréotypant comme "Kouros", Fowlie déclare que « le nom qu'il suggère représente l'innocence authentique de Jim quand il n'était pas conscient du pouvoir de son apparence et de sa personnalité. »

Quand Morrison ne s'est-il jamais rendu compte de son apparence et de sa personnalité ? C'est un exemple typique de la mauvaise compréhension que Fowlie a du caractère de Morrison et c'est ce qui éclaire le plus sa discussion sur la poésie de Morrison. Par conséquent, Fowlie n'illumine jamais que l'évidence dans les poèmes, bien qu'il établisse des liens solides entre certains des poèmes de Morrison et leur allusion à Rimbaud et l'influence de ce dernier.


Fowlie a écrit une analyse perspicace de la poésie de Rimbaud et du rôle du poète en tant que rebelle, mais les mêmes observations sont faites dans son étude de 1946 "Rimbaud : Le mythe de l'enfance." Encore une fois, en se concentrant sur le mythe de Morrison, comme il le fait avec succès avec Rimbaud, Fowlie ignore les qualités littéraires de sa poésie. Comme la plupart des gens qui ont rencontré Morrison, que ce soit à travers les livres ou en personne, Fowlie ne semble jamais dépasser le mythe.

Compte tenu de cet aspect désolant, son approche de la poésie de Morrison n'est ni savante ni éclairante. Fowlie fournit un guide à ceux qui veulent approfondir certains points, particulièrement l'influence sur l'écriture de Morrison de Nietzsche, Artaud, Rimbaud et des Beatniks.




La majorité des livres sur Morrison est surtout biographique, préférant régurgiter le mythe et le scandale entourant sa vie et son époque, plutôt que de donner à son art une considération sérieuse. Malgré l'intérêt qu'ils suscitent, tant négatif que positif, ses écrits n'ont pas été analysés en profondeur dans le contexte de sa vie et de sa culture. Ils n'ont pas non plus fait l'objet d'une discussion quant à leurs mérites et leurs défauts, ni à leur place dans les rangs de la littérature américaine. Les raisons en sont doubles.

Premièrement, les vers de Morrison sont obscurs, très subjectifs, parfois obscènes ou grotesques dans l'imagerie et la parole, comme par exemple dans "An american prayer":

« S'accrocher aux chattes et aux bites
du désespoir
Notre ultime vision nous a été donnée par la chaude-pisse
L'entre-jambe de Colomb s'est gonflé de mort verte »


Deuxièmement, le mythe a tendance à faire de l'ombre à toute analyse qui sortirait du profil fixé par le mythe. Ainsi se limiter à un Morrison romantique en tant que poète-interprète est préférable à une compréhension critique de la poésie elle-même. Par exemple, le jugement de Fowlie sur la vie de Morrison le désigne en termes de poésie ; mais il ne peut séparer la poésie de la personnalité qui avait tout à voir avec le principe de Dionysos.

Jusqu'ici, la réputation de Morrison précède toute analyse littéraire sérieuse de son œuvre. Malgré ses échecs en tant qu'humain et en tant que poète, il a laissé derrière lui des exemples précieux et importants de son talent poétique qui méritent une analyse sérieuse.
Ce message a été modifé par Sister Mid'nite (3 Aoû 2019, 2:31)Citer
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