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Forum>The Doors>Ce qu'ils pensent de Jim et sa bande
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Sister Mid'nite


4 Jui 2014, 11:12
J'ai terminé mon lycée en 1965 et je suis ensuite allé à la Cal State Long Beach. A peu près à cette époque, Rich, un de mes potes, a aidé les doors pour transporter leur matériel. Il a commencé à me parler d'eux, mais ils ne m'intéressaient pas. Ils n'avaient pas encore fait de hit. En mai 1967, Rich Linnel m'a proposé d'aller les écouter à San-Francisco et j'ai dit ok.

Nous nous sommes installés dans la salle de danse de l'Avalon Ballroom. De cette soirée, je me rappelle surtout de la présence de Jim. Quand je l'ai vu sur scène j'ai été saisi d'une émotion dérangeante que je n'avais jamais ressentie lors d'un spectacle.

Je me disais: Mais que dit-il ? Que fait-il ??? Je ne comprenais pas.

A un moment, il a chanté "Horse latitudes". J'ai pensé ce type a perdu l'esprit. En même temps j'étais complètement hypnotisé. Ces paroles étaient associées à des images si fortes qu'elles s'imprimaient dans mon esprit. Je voyais vraiment des chevaux passés par-dessus bord, tombés dans la mer et se noyer.

Voilà. Pour répondre à votre question "Quelle a été votre première impression de Morrison ?" je vous réponds: Il m'a complètement fait flippé...!!!

Bill Siddons, roadie puis manager des doors. Seul membre du staff des doors présent à l'enterrement de Morrison.
Ce message a été modifé par Sister Mid'nite (7 Oct 2014, 5:13)Citer
Sister Mid'nite


25 Jui 2014, 6:21
Entretien accordé par Manzarek à l'occasion de la sortie du coffret remastérisé



R&F

A votre avis quel impact ont les doors sur la génération rock des années 2000 ?

Manzarek

Elle comprend qu'il y a un art de la liberté qui lui permet de vivre sans être enchaîné par l'Eglise, l'Etat et l'Ecole. On ne peut pas être un être humain sans être libre, sans être en accord avec sa propre conscience, qui prend sa source dans l'harmonie et l'amour. C'est ce que l'on découvre en explorant les côtés sombres de l'existence.


R&F

Est-il important de rappeler aujourd'hui que la musique des doors est liée à des visionnaires comme Aldous Huxley, Kerouac, Ginsberg ?

Manzarek

Oui absolument. Le nom des doors est inspiré d'un livre de Huxley "Les portes de la perception" ce qui signifie que nous voulions ouvrir les portes de l'esprit à l'aide du LSD. La poésie de Morrison est très influencée par le mouvement beatnik et le style de vie de Kerouac ou Ginsberg.


R&F

Ray Manzarek a-t-il aujourd'hui un message pour les nouvelles générations ?

Manzarek

Pour toutes les générations, je voudrais dire que nous sommes Dieu, que je suis Dieu, que tout est Dieu. Nous sommes l'extension du créateur, donc nous sommes le Créateur. L'univers nous appartient, nous faisons le monde ce qu'il est, sans avoir à demander la permission à L'Eglise, l'Etat ou l'Ecole. Nous sommes en permanence en train de créer notre propre monde. Nous avons peur de nos parents, des présidents, de nos professeurs. Nous devons mûrir, devenir les héros de nos existences. Voilà ce que j'ai à dire.


R&F

Quel est votre dernier souvenir de Jim Morrison ?

Manzarek

La dernière fois que j'ai parlé à Jim Morrison, il m'a dit qu'il voulait partir à Paris. J'ai répondu: "Merveilleux, c'est le bon endroit où aller. Sauve-toi de Los Angeles, sauve-toi du rock !" Paris est une ville appréciée par les auteurs américains comme Hemingway, Miller et maintenant Jim Morrison. J'ai rajouté: "Va à Paris et mets-toi à l'écriture". J'étais très excité et je pensais que partir pour Paris était le meilleur choix qu'il pouvait faire. Mais malheureusement il n'y a vécu que 4 mois. Je me souviens avant tout d'un ami, d'un grand intellectuel et d'un poète. Il avait un grand sens de l'humour, il avait le don de vous faire rire. Un type fantastique avec qui on pouvait parler de tous les sujets devant une bière. Il admirait Jean Genet, Arthur Rimbaud et Paul Verlaine. C'était merveilleux d'être en sa compagnie. C'est quelque chose qu'on ne voit pas dans le film d'Oliver Stone.


R&F

Justement que pensez-vous de ce film ?

Manzarek

Je le trouve ridicule. Il n'y est pas question de Jim Morrison mais d'Oliver Stone. Je veux dire qu'Oliver Stone aurait aimé être une rock star. Je pense que ce film a été réalisé par quelqu'un qui consommait trop de poudre et de tequila. Les doors consommaient du LSD et Oliver Stone n'a pas compris cela. Oliver Stone est fou et il a fait de Morrison le miroir de sa folie. Il y a quelque chose de fantastique dans ce film, c'est sa musique. Il me semble que c'est un grand film-concert. La personnalité de Morrison est absente.


R&F

Avez-vous rêvé à Jim les jours qui ont suivi sa mort ?

Manzarek

Oui bien sûr. Dans mon rêve, je jouais avec Robby dans les studios d'Universal. La porte-fenêtre est ouverte et brusquement Jim apparait dans l'encadrement. Il passe la tête comme dans un jeu puis se montre entièrement. Il a l'air heureux. Je lui dis "Tu es de retour ?" Il répond: "Oui je reviens de Paris". Je luis demande s'il a de nouvelles chansons et Jim me répond qu'il en a et dit "Mettons-nous au travail !" Dans le rêve j'entends un début de chanson que je n'ai pas retenu. Je n'ai jamais entendu les chansons qu'il a composées à Paris.


R&F

L'intégrale des doors sort avec des essais studios des versions non retenues à l'époque. Pensez-vous que Jim aurait été d'accord pour diffuser ces moments avec l'intégrale remastérisée. Etait-ce vraiment nécessaire ?

Manzarek

Je pense que Jim aurait accepté l'idée mais bien entendu je ne peux pas parler en son nom. Néanmoins le connaissant de la manière dont je l'ai connu je pense qu'il serait très content et très excité.



Journaliste JPB
Ce message a été modifé par Sister Mid'nite (6 Oct 2014, 12:55)Citer
TheLordsAndTheNewCreatures


25 Jui 2014, 7:56
une jeunesse enchaînée par "l'église, l'état, l'école" mais jamais par le marché... tiens tiens...
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Miami 69


27 Jui 2014, 7:18
Mais comme il se la pète le Manzarek.

un art de la liberté... plutôt un art de se faire du pognon facilement.
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Geoffrey


27 Jui 2014, 7:41
Après avoir lu le bouquin de Densmore, difficile de lire les interviews de Ray...
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Sister Mid'nite


26 Sep 2014, 6:16
Je me rappelle avoir parlé à Jim Morrison après l'un des concerts des doors à la Roundhouse à Londres en 1968. Il planait si haut que je ne comprenais pas de quoi il parlait. Par exemple je lui parlais d'une chose très terre à terre et il me répondait "Il y a une montagne qui devient très belle avec l'arrivée de l'aube". Je ne sais pas quel degré de conscience il avait de ce qu'il faisait, mais il a fait beaucoup d'expérience sur lui-même ...comme un rat de laboratoire. Il s'était donné pour mission de voir ce que pouvait découvrir l'esprit humain avec l'usage des acides et hallucinogènes. Il avait cette tendance à expérimenter jusqu'à l'extrême et je l'admire pour cela. Contrairement au rat de laboratoire qui ne peut pas parler, lui il a communiqué sur ses expériences.

Quel genre de curiosité pouvait pousser quelqu'un aux extrêmes sans avoir la crainte de se dire "Et si je n'en sortais pas indemne ?"

Grace Slick, ex chanteuse de Jefferson Airplane (et amante d'une nuit de Jim)
Ce message a été modifé par Sister Mid'nite (6 Oct 2014, 13:01)Citer
john silence


26 Sep 2014, 12:31
Citation de Sister Mid'nite :


Grace Slick, ex chanteuse de Jefferson Airplane (et amante d'une nuit de Jim)


We co-headlined in Frankfurt, Copenhagen, London, and Amsterdam, and I can’t remember which country we were in when it happened. But I do remember strangely isolated things like the color of the rug in the hotel hallway (rose pink and maroon) and the nervousness I felt standing in front of the door to Jim’s room…
I did the ‘secret knock,’ which he wouldn’t have known anyway because it was Airplane’s private signal, the opening beat to one of our songs, to let each other know that it was one of us standing outside the door. I was surprised when Jim didn’t even ask, ‘Who is it?’ Instead, he turned the handle and pulled the door all the way back so I could see him and the whole room. He smiled. ‘What’s up?’
I wish I could remember my answer, but some specifics about the past are clear while others are vague. Since I had no idea that anyone would care about this thirty years later, I never kept a diary. In fact, if I’d known the enormous impact Morrison would have on future generations, I might have been tempted to wear a tape recorder. I also wish I could tell you that he came to my room to hustle me. But it didn’t happen that way. I was, once again, the perpetrator.

Grace Slick (in her book, Somebody to Love?, chapter 26: “Strawberry Fuck”)
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Sister Mid'nite


29 Sep 2014, 9:45
La suite de ton passage est pleine de découvertes...

(dans la chambre) il y avait des fraises dans un plat posé sur une table. Je me suis approchée pour les regarder, c'était une façon de m'occuper, et j'essayais de trouver quelque chose à dire. Jim s'est effondré sur le lit et m'observait. J'ai apporté les fraises au bout du lit et, pour une raison stupide, j'ai planté mon doigt au milieu. C'était très froid et dur. Les fraises étaient gelées. Merci, Petit Jésus, de m'avoir fourni un sujet pour engager la conversation avec Monsieur Non sequitur.

"Et si je mettais ce plat sur le radiateur ?" demandais-je. C'était l'Europe en 1968. Pas de chauffage central. "Bien sûr, mais il n'est pas branché," a-t-il répondu. Ce fut une des remarques les plus cohérentes que j'ai jamais entendu de sa part.

Après que j'aie mis le plat de fraises sur le radiateur froid, il a rampé sur le lit, est descendu, a pris une poignée de fraises et l'a pressée dans sa main. Il a ri et a recommencé. Son rire m'a détendu et j'ai pensé que je pouvais être ludique.

Ce n'était pas 9 semaines ½ avec Kim Basinger et Mickey Rourke utilisant la nourriture comme un lubrifiant érotique. C'était plutôt un jeu d'enfants. Nous avons fait un monstre bordel dans cette chambre. Il m'a surpassé en enduisant le couvre-lit de fraises colorées de crème, et soudainement, je ne sais pas ce qui s'est passé dans sa tête mais il a arrêté et s'est dirigé vers une armoire. Il l'a ouverte puis refermée sans rien prendre puis m'a rejoint au bout du lit. Je n'ai pas osé lui posé de question de peur de briser ce moment de fantaisie que son esprit avait inventé.

C'était nouveau pour moi, sa façon de faire l'amour avec une manière de me regarder qui était "flottante". Personne ne m'avait étudié comme ça. Ce n'était pas une évaluation normale du corps, il semblait vouloir évaluer la distance qui nous séparait.

Il était un garçon bien "monté", sa queue était légèrement plus grande que la moyenne.

Il était étonnamment doux. Je m' attendais à une sorte de rituel horizontal frénétique. Les types les plus fous sur scène peuvent être des amants sublimes. Jim m'a mystifiée avec son expression d'un autre monde et en même temps ses hanches n'arrêtaient pas le mouvement qui dirigeait "la danse".

Quand il regardait mon visage, il cherchait vraiment à découvrir qui j'étais, sans masque. C'était intriguant et déconcertant. je m'attendais à ce qu'il me demande si j'étais quelqu'un d'autre, une imposteur ou un produit de son imagination.
Ce message a été modifé par Sister Mid'nite (6 Oct 2014, 12:57)Citer
john silence


30 Sep 2014, 12:53
Ah ! Le fameux pouvoir des fraises ...
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Gérard Depardoors


1 Oct 2014, 6:26
Tellement ridicule que j'enlève avec regrets light my fire, strawberry fields et white rabbit de ma set list...
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Miami 69


1 Oct 2014, 17:01
Donc Bill Siddons ne comprenait pas Morrison et Grace Slick ne parvenait pas à communiquer avec lui. Je comprends mieux pourquoi il s'est mis à picoler !
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Sister Mid'nite


2 Oct 2014, 3:39
Il y a des dizaines de livres écrits sur les doors ou Jim Morrison qui répètent tous les mêmes choses à quelques détails près.

A côté de ces biographies, il y a les livres ou témoignages de ceux qui ont travaillé avec lui (John Densmore, Ray Manzarek, Bill Siddons, Paul Rothchild, Jac Holzman) ou qui étaient ses amis (Frank Lisciandro, Alain Ronay, Paul Ferrara).

Ces derniers tentent de corriger une image caricaturale de Jim qui est véhiculée depuis la sortie de la bio "Personne ne sortira d'ici vivant" de Hopkins et Sugerman dans laquelle Jim est réduit à l'état d'un alcoolique-toxicomane irresponsable, vulgaire et violent.


Moins connu des fans, le témoignage de son garde du corps Tony Funches nous dépeint un Morrison très humain. Tony porte un regard lucide et admiratif sur Jimbo comme il le surnomme.

On pourrait intituler cet entretien "Garde du corps...mais encore"


J'ai traduit ce texte très long et je l'ai divisé en 3 parties.


Party one:

Ancien soldat au Viet Nam, Tony Funches était le garde du corps de Jim. Il était aussi l'homme auquel on faisait appel pour règler "certain problème". Tony avait le physique de l'emploi. Grand et tout en muscle. Il avait une voix baryton à la Barry White qui était apaisante et inspirait confiance.

Tony Funches garde un souvenir attendri des membres de la grande famille des doors, des gens authentiquement "pop".

Parce qu'il travaillait aussi pour les Rolling Stones, il n'était présent ni à Miami ni à New Orleans. Il pense que si il avait été présent à ces moments critiques, les choses auraient été différentes pour Jim.



Comment êtes-vous devenus le garde du corps de Jim Morrison ?

- Le beau-fils du patron chez qui je travaillais à mon retour de la guerre était un promoteur de petits concerts de rock et je lui refilais des coups de main. Bill Siddons était un de ses potes. Je ne pensais pas que Jim aurait eu besoin de moi, mais les autres ont insisté et je suis resté. Ce mec me manque vraiment.


Combien de temps avez-vous travaillé pour les doors ?

- De mars 69 jusqu'au concert de l'île de Wight (août 1970).


Est-ce vrai que vous deviez éviter que Jim soit impliqué dans des troubles et qu'il ne se saoûle pas ?

- Lui éviter d'être impliqué dans des troubles oui mais pas l'empêcher de trop boire.


Que signifie "Lui éviter d'être impliqué dans des problèmes" ?

- Je n'ai jamais vu Jim cherché des emmerdes à quelqu'un. Au quotidien, il était très courtois, il avait une voix douce, il était timide et généreux.

Jim avait la capacité de lire les motivations d'une personne et de réagir ensuite en conséquence. J'ai vu des personnes qui le considéraient comme cinglé et qui lui disaient "Oh Jim Morrison ! Fais quelque chose de bizarre, Jim ! Fous-moi la trouille". Lui, il les "oscultait" et mettait à jour leur peur. Un type vraiment génial. Il n'a pas été pris au sérieux à cause d'articles de presse. Ils auraient dû avoir un regard moins superficiel et ils auraient découvert un génie.

Une fois j'étais en voiture avec lui et il a pris en stop un jeune couple entre Los Angeles et San Francisco. Nous nous sommes arrêtés dans un restaurant. La tenancière n'a pas été aimable avec nous, parce qu'elle n'aimait certainement pas les hippies et les noirs. En partant Jim lui à laisser un pourboire de 50 dollars ! Elle est sortie et a demandé pourquoi ? Jim lui a répondu "pour le super service !"


Pensez-vous qu'il a intentionnellement essayé de provoquer des émeutes ?

- Oui


Était-il toujours ivre pendant les concerts ?

- Non


Étiez-vous son garde du corps 24h/24 ou juste pour les spectacles ?

- Tous les deux. J'étais toujours disponible. Il avait sa vie privée; il a exigé d'être seul de temps en temps. Il me téléphonait quand il avait besoin de moi. Après le concert des Rolling stones à Altamont, je suis resté avec les doors pour tous les concerts. Ces concerts n'ont connu aucun incident. J'étais très bon dans mon travail.


Les autres doors avaient-ils eux aussi des gardes du corps dans leur vie privée ?

- Non


Comment décririez-vous Morrison ? A-t-il été dépeint correctement par les médias ?

- Un type vraiment agréable ! Je ne peux pas vous dire combien de fois Jimbo a voulu s'arrêter pour bavarder avec des inconnus dans la rue. Des animateurs radio influents ont dit des conneries sur lui. Il faudrait vraiment écrire un livre sur cette facette. Les médias en ont fait un portrait de merde.


Etait-il différent sur scène et en dehors ? L'image du Roi lézard était-elle calculée ?

- Non pas vraiment. Il avait la haine de l'autorité mais certains faits que l'on a attribué au Roi Lézard sont des conneries inventées. Jim laissait les gens le voir de la façon dont ils le désiraient.

Il était fasciné par le sens ésotérique des reptiles, leur origine primitive. Quant à son costume de cuir, les motards étaient habillés comme ça bien avant lui. L'image de sex symbol a été construite par d'autres. Jim a accepté cette étiquette parce que ça conduisait le groupe au succès. Mais il considérait ça comme une farce.


Parlez-nous de son style de vie ?

- Le style de vie ? Il vivait pratiquement comme un clochard ! Il avait acheté une maison à Kings road, mais il préférait la chambre du motel Alta Cienega. Il venait à pied au workshop des doors. Lui et moi allions ensemble au Phone booth, un club de strip tease où nous étions très appréciés. Nous mangions au Barney's Beanery. Assez souvent, "les compagnons de poésie" de Jim venaient le chercher au workshop et ils partaient ensemble à travers "HollyWEIRD" pour boire, discuter de l'actualité et de philosophie. De temps en temps Jim se douchait à l'office des doors.

Il était une personne dont le génie était en conflit avec ce que le gouvernement imposait et ce que le monde devenait. Je constate que beaucoup de choses qu'il m'avait prédites se sont passées. Cette vision du futur lui déplaisait.

Pour le reste, l'orchestre était au point. Vince Treanor les accompagnait toujours et Leon Barnard voyageait parfois avec nous. Les autres étaient accompagnés par leurs épouses mais nous redoutions la venue de Pam. Quand elle était présente, elle tournait Jim en bourrique et par conséquent nous aussi.

En tournée, d'autres groupes venaient parfois nous rendre visite.


Dites-nous en plus sur vos discussions ! Que voyait-il pour l'avenir ? Est-ce qu'il s'est impliqué en politique ?

- L'avancée inexorable du fascisme, la futilité du mouvement Flower power, les vieux hippies convertis en yuppies après avoir tourné le dos à leurs idéaux. Etudiant, il avait lu Voltaire. Il analysait la politique de manière très perspicace. Il aimait les paroles de Dylan "Vous n'avez pas besoin d'un présentateur météo pour connaître d'où vient le vent" bien qu'il ne se soit pas impliqué personnellement dans une action politique. Il préférait être dans le rôle de l'observateur. Et il a vu, attristé, que nous étions des lemmings insipides courant dans la mer pour ressembler aux autres.


Vous avez mentionné "ses compagnons de poésie". Dans son livre "Light my fire," Ray Manzarek a décrit Babe Hill, Frank Lisciandro et Paul Ferrara comme les "faux doors" et les a accusé d'avoir encouragé Jim à boire. Vous confirmez ?

- Non, mais je suis dans un rôle différent que Ray. J'ai aimé et admiré Ray. Il était capable de réunir tout le monde pour calmer les esprits quand il le fallait. C'est lui qui a assuré la cohésion du groupe.


Je ne savais pas qu'il possédait une maison sur Kings road. Ce n'est donc pas celle de Laurel Canyon ?

- Non, il l'a cachée à Pam. Mais Jim ne pouvait plus conduire sa Shelby depuis qu'il avait embouti un poteau. Comme c'était plus pratique, il résidait à l'Alta Cienaga qui était près du workshop. Mais souvent il passait la nuit chez de mystérieuses inconnues.


Pouvez-vous nous décrire cette maison sur Kings road ?

- Une fois je l'ai accompagné parce qu'il voulait prendre des livres avant d'aller à un concert. L'intérieur était quasiment vide. Il y avait des caisses un peu partout, quelques lampes. Jim vivait comme l'avant-garde beatnick, de manière simple. C'est tout à fait possible que ce lieu était son jardin secret. Il avait besoin de se couper de la folie du show business. Comme je vous l'ai dit, Jim était fondamentalement un solitaire.


Clairement Pam n'était pas tout pour lui bien qu'il lui ait tout légué. C'est parce qu'il se sentait responsable d'elle ?

- Il payait tout pour elle et lui vivait misérablement. Il ne se sentait proche d'aucune autre personne. Il connaissait très bien Pam et il savait qu'elle prendrait soin de lui sans se soucier de la rock star. Mais les personnalités comme Jim ne sont pas des êtres sociaux, ils sont à part.


Faisait-il ses courses ou ce genre de chose lui-même ?

- Pour les repas nous allions toujours au restaurant. Ces comptes bancaires étaient gérés par Bob Greene. Jim avait son Amex et la Mastercard. Les doors ont exigé que j'ai toujours une grosse somme avec moi pour faire face à tout ce qui pourrait arriver.

Il ne faisait pas les boutiques de fringue et je suppose que c'est Pam qui lui achetait des vêtements. Il vivait vraiment très modestement. Il achetait des livres et quand il avait besoin de quelque chose, il allait lui-même se l'acheter. Il aimait beaucoup le contact avec les gens ordinaires. Il allait dans des endroits publics pour faire des rencontres. Il avait vraiment du plaisir à partager des choses banales avec des gens ordinaires, ça le rendait vivant.


Quelles étaient les relations de Jim avec les autres doors, avec le producteur Paul Rothchild et le manager Bill Siddons ?

- John n'était pas facile à fréquenter mais on s'entendait très bien. Robby était toujours le plus agréable, le plus convenable et l'Oncle Ray "tenait la baraque". Rothchild ? Jim l'aimait et le détestait. Paul obtenait la meilleure prestation vocale de Jim en studio même quand Jim n'était pas motivé. C'est normal qu'il y ait eu des tensions dans ce long processus de création du "son doors". Bill Siddons ? Aussi une relation amour/haine mais à un degré moindre. Comme il s'occupait d'organiser les concerts, il avait besoin que tout le groupe participe aux réunions et cela ennuyait Jim. Bill a cru que Jim le méprisait, mais c'est faux.


Quelles relations entretenait-il avec Elektra et Jac Holzman ?

- Nous aimions tous Jac. Elektra a soutenu le groupe quand les manifestations pour la décence s'en prenait aux doors. Tout le monde connaissait les débuts d'Elektra quand Jac voyageait seul dans le sud des USA avec un Ampex sur le dos pour enregistrer de vieilles légendes du blues avant qu'ils ne meurent. Jac était admiré et aimé par Jim. Elektra était une équipe très cool et le directeur artistique, William Harvey, était un as dans son domaine.


Comment était la relation entre Jim et Danny Sugerman ?

- Je me souviens que Jim aimait bien ce môme. Je crois que j'étais présent à leur workshop quand ils ont décldé de donner un bureau à Danny pour qu'ils répondent au courrier des fans. Jim avait un sens de l'humour "hors norme" et certains ont prétendu qu'il se foutait de la gueule de Danny mais ce n'était pas le cas.


Parlait-il de sa célébrité ? Etait-il à l'aise avec le statut de rock star ou était-il plus intéressé à devenir écrivain / cinéaste ?

- Devenir écrivain et cinéaste l'intéressait plus. Il ne supportait plus le cirque médiatique et les faux-culs.


Pensez-vous qu'il était alcoolique parce qu'il avait du mal à gérer son succès ?

- Oui et il aimait boire tout simplement. Mais les trous du cul de sycophantes n'ont pas arrangé les choses.


Quelqu'un a-t-il essayé de prendre en main ce problème d'alcoolisme ?

- Ray, Bill, Pam, tout le monde et ils ont finalement renoncé. Les conseils rentraient par une oreille et sortaient par l'autre. La seule raison qui faisait que Jim et moi on s'entendait bien, c'est qu'avec moi il pouvait boire jusqu'à s'écrouler sous la table et je lui évitais la prison. Tant que je faisais bien ce boulot tout le monde était content y compris Jim.


Morrison s'est-il expliqué sur le fait qu'il avait affirmé n'avoir aucune famille ? Est-ce qu'il était affecté par cette distance qu'il avait mis avec sa famille ?

- Non il ne s'est pas expliqué et j'ai estimé que je n'étais pas bien placé pour le questionner sur ce sujet. Quand il en parlait il était ambigu et très obscur. Ce que je sais c'est qu'il n'éprouvait aucune affection pour son père qui était très autoritaire et il se désolait que sa mère n'aie pas cherché à intervenir pour changer les choses.

J'ai le sentiment qu'il n'a pas vraiment voulu leur causer d'embarras et entrer en conflit avec eux. Il était conscient que les médias pourraient faire connaissance avec cette famille. Dans cette époque de grands boulversements sociaux, dans une atmosphère anarchique, avec les assassinats du FBI, la surveillance des membres du Black Panther, les manifestations tragiques à Chicago etc… pourquoi aurait-il dû associer sa famille ?


Pensez-vous que si le public avait appris le rôle du père de Jim, cela aurait nui à la carrière des doors ? Pensez-vous que c'est une des raisons pour lesquels il a dit qu'il était orphelin ? (Le père de Jim, George Stephen Morrison était le commandant des forces navales américaines dans le golfe du Tonkin au cours de l'incident du Golfe du Tonkin d'août 1964, qui a déclenché ce qui est connu comme la guerre du Viêt Nam).

- Certainement pas. Personne ne se plaignait que le père de Robby avait dirigé Rand Corporation ! Beaucoup de monde connaissait la vérité de toute façon. En fait, beaucoup d'icônes du rock 'n' roll étaient des enfants de familles riches et/ou puissantes. Par exemple Carly Simon de Simon and Schuster ou Grace Slick (Jefferson Airplane) qui avait été étudiante à Wesleyan College.


Avait-il des contacts avec son frère et sa soeur ?

- Oui à plusieurs reprises et toujours par téléphone. Mais il était totalement muet sur ça.
Ce message a été modifé par Sister Mid'nite (7 Oct 2014, 5:09)Citer
john silence


2 Oct 2014, 4:09
http://www.doors.com/magazine/Tony_Funches.html

http://www.gofundme.com/8x4ho4

Bon ben c'est mort pour son bouquin ...?!
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Sister Mid'nite


3 Oct 2014, 2:42
Citation de john silence :


Bon ben c'est mort pour son bouquin ...?!


Manque 3000 dollars. C'est une petite somme pour éditer un bouquin. Une petite collecte sur Ship of fools et c'est règlé en 24 heures.
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Sister Mid'nite


3 Oct 2014, 2:47
Party two


Que faisait-il durant son temps libre ? Passait-il des vacances avec la famille de Pam ?

- Certainement pas ! Il était solitaire. Quand les autres prenaient des vacances, il allait boire et draguer des femmes. Souvent Ray et Dorothy, Bill Siddons ou la famille de Robby l'invitaient mais sans succès. Il n'était pas du tout intéressé par ce genre de rôle social.


Avez-vous des anecdotes à raconter à propos de Morrison avec des fans ou des gens rencontrés dans la rue ?

- Il y en a trop ! Mais il y a les sorcières de Boston, le théâtre burlesque à Baltimore et la poètesse de Denver.

Tu te souviens que je t'ai dit que Jim aimait être en compagnie de gens ordinaires, des classes populaires. Lui et moi admirions (l'écrivain "social") Eric Hoffer et (l'historien) Studs Terkel. Jim méprisait les faux intellectuels, les conversations creuses des DJ et tous les parasites qui tournaient autour des groupes à la mode. Les groupies étaient au moins honnêtes et leurs intentions étaient claires. Jim et moi apprécions de boire tout en regardant des femmes faire un strip tease. Donc durant les tournées nous allions souvent dans des clubs. Ces lieux le détendaient, même si il était reconnu par beaucoup de personnes. Jim Morrison avait cette capacité remarquable de rester un type normal trainant avec des gens normaux parlant de trucs banals. Ces rencontres lui faisaient du bien.

L'histoire des sorcières de Boston va faire grincer quelques dents. Nous avions donné un concert à Boston puis nous avions écouté un super orchestre jouant dans le salon de l'hôtel. Ray, Robby et Jim ont approché le bassiste pour savoir s'il était intéressé d'enregistrer avec eux sur leur prochain album (L.A woman). Puis Jim m'a invité à sortir en ville avec lui. Nous avons repéré où était le quartier "funky" et nous y sommmes allés. Dans un bar, nous avons été fasciné par deux "sorcières". Réellement elles étaient habillées comme des sorcières et cela ne semblait pas folklorique. Elles étaient aussi très séduisantes. Nous avons mangé et bu les 4 ensemble et nous sommes allés chez elles. Une fois dans l'appartement, nous avons été chacun dans des chambres différentes et les gémissements habituels ont commencé. J'avais averti ma petite chérie que je ne voulais pas de contact avec un chat. Elles avaient beaucoup de chats dans l'appartement. Il y en a un qui ne m'appréciait pas et elle l'a mis dans une autre pièce. Après quelques minutes, en pleine action, j'ai senti des griffes lacérés mes couilles et la douleur était insoutenable. J'ai saisi ce putain de chat et je l'ai balancé par la fenêtre. Il est tombé de 4-5 étages ! Elle s'est mise à m'insulter pendant que j'allais soigner mes blessures. Puis je me suis habillé et j'ai été cherché Jim en lui disant que nous devions vite partir. Les deux sorcières hurlaient comme des démentes et nous lançaient des malédictions. Je demandais à Jim de se dépêcher. Nous leur avons laissé un peu d'argent et nous nous sommes précités pour aller prendre un taxi !…

Comme nous nous rendions à Baltimore pour donner un concert, Jim a dit qu'il voulait aller voir un célèbre théâtre burlesque où apparaissait la légendaire Blaze Starr. La clientèle et le personnel de service de ce théâtre se sont montrés distants et je ressentais tout le dégoût qu'ils avaient pour le hippie et le negro. Malgré ce climat, Jim voulait rester. Nous sommes allés au bar et avons commencé à faire des commentaires "aimables" sur les clients qui nous entouraient. J'ai dû demandé à certains de rester calme et à d'autres je leur ai donné 100 dollars pour leur consommation. Jim savait ce que je faisais mais il n'y prêtait aucune attention. Ma présence le rassurait. Puis Blaze Starr est venue le saluer et s'est "trémoussée" devant nous. Le reste de la soirée fut très sympa. Si nous rencontrions de gros ennuis je savais que je pouvais contacter son avocat et payer la caution.

A Denver, le concert fut comme toujours incroyable. Le reste du groupe est rentré à Los Angeles tôt le lendemain matin mais Jim a voulu visiter Denver et ses environs pour passer du bon temps. Il m'a dit qu'une femme lui avait envoyé quelques poèmes et qu'il voulait la rencontrer pour discuter. Des employés du promoteur Barry Fey nous ont guidés autour de la ville et nous avons mangé de délicieuses pizzas dans un resto hippie appelé "Straight Johnson's." Nous avons aussi visité le Denver Folklore center et Harry Tuft, et nous avons fait des courses avec les gens qui nous accompagnaient. J'ai acheté tellement d'albums de blues de collection que je n'avais plus d'argent alors Jim a payé avec sa carte de crédit. Ensuite nous sommes allés chez cette poétesse. Par précaution, c'est moi qui est allé sonné et quand elle a ouvert la porte, j'ai vu qu'il n'y avait aucun danger j'ai dit à Jim qu'il pouvait rentrer et que je l'attendrais dans la voiture. Ils sont restés des heures à discuter ensemble dans la salle de séjour. Je les voyais de l'extérieur. Jim était vraiment à l'aise. L'atmosphère était calme, tellement loin de la frénésie médiatique et du show business.

Quand ils eurent fini leur conversation, ils sont sortis. La poétesse m'a remercié d'avoir été patient. En fait j'avais fumé de l'herbe qu'un de nos guides m'avaient refilé. La maison était dans le voisinage de Park Hill. Jim a adoré cette rencontre. Il n'y avait pas d'ambiguité entre eux, mais juste le plaisir de deux intellectuels qui avaient partagé des intérêts communs.



Un ami de Jim m'a affirmé que Morrison était parti seul faire un bout de la route empruntée par Alexandre le Grand quand celui-ci partait conquérir l'Inde. Est-ce que tu sais quelque chose à ce sujet ?

- Ouais, il l'a vraiment fait. Le reste du groupe a accepté cette absence comme étant du domaine privé et je ne l'ai pas accompagné. Je l'ai vu à son retour. Lui et moi avons fait quelques voyages aux USA.


Selon le livre "Break on through" vous avez dû intervenir pour mettre fin à une castagne entre Jim Morrison et Tom Baker peu de temps après que Jim ait été acquitté au procès de Phoenix. Qu'est-ce qui s'est vraiment passé ce jour-là ?

- Tom Baker était viscéralement un emmerdeur. Les autres le toléraient parce qu'il était un pote de Jim mais il n'y avait aucune amitié entre lui et la grande famille des doors. Tom Baker était peut-être brillant intellectuellement mais c'était un vrai trou du cul dans sa manière d'être. J'aurai bien voulu l'éloigner mais ce n'était pas recommandé vu sa relation avec Jim. Babe Hill ne le supportait pas non plus. Jim a pris en charge tous les frais de justice du procès de Phoenix y compris ceux de Tom Baker. Un jour, ce connard est venu aboyé contre Jim. Il semble que ça le dérangeait de dire merci. Baker était puant. Jim en a eu assez et lui a demandé de quitter le workshop. Baker a voulu démontrer que Jim n'avait pas le droit de le foutre dehors. Alors Jim l'a saisi et l'a conduit vers la porte d'entrée. Baker se débattait et je les ai expulsé, lui et son pote, hors du bureau du 2ème étage. Ils ont dévalé les escaliers. Jim est descendu et a foutu des claques à Baker. Moi j'ai donné quelques coups de poing à son pote et j'ai regardé avec beaucoup de plaisir Jim donner une correction à Baker.

La voiture du shériff est arrivée. Je devais m'assurer qu'il n'y ait pas de dommages qui puissent entraîner des poursuites judiciaires. J'ai réussi à calmer tout le monde et l'adjoint du shériff a dit à Baker de partir sinon il risquait d'être arrêté pour violation de domicile. Baker et son pote sont partis au Barney. C'était drôle en réalité. Une petite castagne. Baker et son pote ont évité une grosse raclée de ma part. Personne n'a dû être hospitalisé.


Dans quel état d'esprit était Jim avant le début du procès de Miami ?

- Il se préparait au pire. Il avait confiance dans ses deux avocats, Max Fink de Berverly Hills et Paul Josephson de Miami. Il y avait des nuages sinistres sur ce procès. Le juge a été choisi pour favoriser légalement l'accusation. J'ai eu cette info dans une discussion avec les deux avocats de Jim. De toute façon, l'histoire de ce procès entier est extrêmement longue.


A-t-il parlé de ce qu'il avait réellement fait, de l'accusation d'attentat à la pudeur ?

- Ouais, il avait le point de vue de l'observateur qui regarde dans quel état se trouve l'expression artistique. C'est dans la nature humaine de faire des erreurs et s'il s'était exhibé, il était évident que les censeurs allaient s'acharner sur ce comportement dépravé. Il a perçu l'accusation comme un acte motivé par des desseins politiques. Les performances des artistes, comme la scène de nudité dans "Hair" pouvaient les conduire tout droit en prison au nom d'une morale tordue comme le prouvait le procès-spectacle de Miami.

En dehors de cela, il a affirmé qu'un éventuel emprisonnement ne le tuerait pas, mais qu'il vivrait cela comme un observateur qui récolterait de la matière pour de futurs écrits et non comme un activiste. Je suis certain que Jim était assez sensible pour être préoccupé par les conséquences d'un éventuel emprisonnement.


Est-ce que les autres membres du groupe le soutenaient ou étaient-ils fâchés contre lui à cause de l'annulation des concerts et de la perte d'argent ?

- John avait des problèmes seulement avec la tension que provoquait certains comportements de Jim. Je n'ai jamais entendu Ray et Robby faire des reproches à Jim. En général, ils étaient tous très unis. Bien sûr, ils étaient tous anxieux de savoir que le futur du groupe allait dépendre du procès de Miami, mais pas plus qu'une famille qui se fait du souci pour un de ses membres qui est accusé de "crime". En réalité, les doors avaient un niveau intellectuel au-dessus de la moyenne et ils avaient commencé à se renouveller avant le concert (de Miami) et ils ont continué à le faire après aussi.


Qui était membre du jury ? A quoi ressemblait le juge ?

- La farce des temps modernes. "Un jeu de poker", eux contre nous. Presque tous les membres du jury correspondaient au standard WASP (White anglo-saxon protestant). Je dis presque parce qu'il y avait un monsieur noir âgé qui était parmi les jurés potentiels. Il ne se passait rien pendant de longues journées parce que le juge et les avocats se réunissaient entre eux pour parler des aspects juridiques. Donc les jurés potentiels n'avaient rien à faire et ils observaient les allées et venues des accusateurs, de l'accusé, des flics, des journalistes. Cet homme noir âgé à échanger plusieurs fois des regards discrets avec moi et il avait dû s'apercevoir que je faisais partie de l'entourage de l'accusé. Ses yeux brillaient d'intelligence. Max Fink et Paul Josephson savaient que ce type obtiendrait l'appui des procureurs. Cela a pris plusieurs jours pour y arriver, mais quand ils (les avocats adverses) l'ont exclu des jurés, il m'a donné un rapide coup d'oeil, aiguisé, a incliné légèrement la tête et a quitté la salle avec beaucoup de dignité. Ce type ressemblait à Albert King et je pense qu'il devait être un militaire à la retraite. En termes de données démographiques, le reste des jurés était comme un croisement entre The Stepford Wives et Ward and June Cleavert: la ville WASP. Les avocats de la partie plaignante ont dû faire un peu de travail sérieux pour obtenir que les jurés veuillent délibérés afin qu'ils prennent position quand viendrait le moment du verdict.


Comment Jim a-t-il réagi au verdict ?

- Déçu mais il s'y attendait. Jim aurait pu rester un être stoïque passant son temps dans l'observation de lui-même, mais il avait choisi de vivre en société. Il connaissait ses chances depuis le début. En dehors de ses propres extrapolations, il avait été aussi mis au courant, comme les autres doors, sur les résultats possibles. Arrivé à ce point, tout le processus pour faire appel pouvait conduire une personne saine à la folie.


Sur des photos du procès, on voit souvent Jim écrivant dans un carnet et il avait le projet de publier plus tard un livre sur cette expérience. Avez-vous vu ces manuscrits ? Que sont-ils devenus ?

- Non, j'ai considéré ces carnets comme privé et j'aimerai que cela reste ainsi. Quand on parlait de cette "farce" (le procès), il a effectivement dit qu'il avait pris des notes. Jim gardait souvent des carnets avec lui dans lesquels il prenait toute sorte de notes à la manière des écrivains. C'était des pensées et des observations.


Vous avez un souvenir de la visite de Patricia Kennealy à Jim durant le procès de Miami ? Est-ce qu'il était heureux de la voir ?

- Non il ne l'était pas, mais il l'a supportée. A vrai dire, personne ne pouvait supporter cette salope ... mais Jim faisait son propre chemin avec les femmes qu'il rencontrait et l'équipe s'est montrée cordiale pour éviter de faire des vagues durant le procès. Il faut se rendre compte que les doors et Jim étaient très présents dans les journaux et pour plusieurs mois à Miami. Donc des personnes pouvaient arriver à Miami, se renseigner où logeaient les doors et aller à leur hôtel Le Carillon pour "les coincer". J'ai tout fait pour éviter des problèmes mais ma stratégie n'a pas pu empêché cette emmerdeuse de venir. Nous essayions d'empêcher tout ce qui aurait pu aggraver la situation.

Géré la présence de Pam et Kennealy était risquée pour nous et aussi pour Jimbo… il a adopté la position classique "du Stoïque" tandis que Pam et Kennealy se crêpaient le chignon. Tant que Kennealy était présente tout le monde essayait de l'éviter autant que possible. Jim disparaissait parfois tranquillement avec elle et on se disait "tant qu'il est heureux et a l'esprit tranquille..."
Ce message a été modifé par Sister Mid'nite (6 Oct 2014, 10:07)Citer
john silence


5 Oct 2014, 12:37
Je prends comme une bonne habitude de remercier Sister !

Fais gaffe , on y prend goût ;) ! Thank you .
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Sister Mid'nite


6 Oct 2014, 2:01
Citation de john silence :
Je prends comme une bonne habitude de remercier Sister !

Fais gaffe , on y prend goût ;) ! Thank you .



You're a gentleman
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Sister Mid'nite


6 Oct 2014, 2:32
Party three - Last party



Que faisait-il à Miami quand il n'était pas au tribunal ? Est-ce qu'il se détendait en plus du voyage aux Bahamas ?

- Nous avions préparé toute une panoplie de divertissements que nous permettait le Dade County, comme des dîners au calme à l'hôtel, découvrir de la cuisine ethnique, boire modérément ou pas, voir des films, aller à des concerts, rencontrer des femmes, faire du ski nautique et profiter de la vie nocturne. Tout le monde connait le concert avec Canned Heat.

Il y a eu un break de quelques jours et beaucoup sont rentrés à L.A y compris moi. Jim parlait d'aller en Amérique du Sud pour rencontrer de brillants écrivains et décompresser seul. J'avais insisté pour l'accompagner. Il ne fallait pas qu'il arrive quelque chose de grave mais Jim m'a rassuré et a dit qu'il irait seul. Donc je suis retourné à L.A.

Quelques jours plus tard, Bill Siddons et Ray m'ont appelé chez moi à Venice, pour me dire de venir au bureau dès que possible. Je crois que Max Fink et Paul Josephson avaient eu une info comme quoi Jim aurait des ennuis à la douane à son retour aux USA. On m'a informé des dispositions en place à la douane de l'aéroport de Miami et je devais m'assurer que Jim ne soit pas malmené et que l'on ne trouve pas de la drogue dans ses bagages. Notre chauffeur m'a emmené à l'aéroport de L.A et j'ai pris un avion en première classe. Arrivé à Miami je suis allé directement aux douanes pour attendre Jim.

Quand nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes souris. Il marchait avec le reste des passagers. "Les uniformes" ont emmenés Jim pour aller le fouiller et trois d'entre eux m'ont entouré. Je commençais à m'énerver et comme convenu j'ai appelé les avocats Paul Josephson et Max Fink et le bureau des doors. Je me préparais à devoir lutter sérieusement !

Un des jeunes fédéraux (FBI) s'est approché de moi et, alors que la tension montait, il m'a calmement assuré qu'ils ne feraient pas une fouille au corps approfondie, ce qui est la norme quand un accusé de crime rentre aux USA. ll voulait s'assurer que Jim ne transporte pas de drogues, qu'il devait se montrer coopératif sinon il serait incarcéré immédiatement et que moi je ne devais pas m'opposer à la loi fédéral sinon je serai aussi incarcé. Qu'ils faisaient juste leur travail.

J'ai répondu que j'exigeai d'être à proximité de M. Morrison en tant que représentant de l'entreprise Doors Music Inc. et observateur pour le compte des avocats Max Fink et Paul Josephson. Ils ont accepté et Jim était assez intelligent pour savoir que les doors et leurs deux avocats me faisaient confiance pour qu'il n'y ait pas trop de merde. Donc il s'est soumis, parce qu'il n'était pas du tout étonné par ce qui se passait et il savait que ce n'était ni l'endroit ni le moment pour engager la bataille avec l'ennemi.

Cette situation l'a beaucoup tendu et après que les fédéraux l'aient relâché, il a eu besoin de décharger toute cette colère… Le pauvre Jimbo a malheureusement choisi une méthode curieusement offensante. Il a commencé à parler de l'impitoyable oppression de l'establishment sur les peuples de la planète entière, comparant cela à l'esclavagisme subi par mes ancêtres et il a crié dans le hall de l'aéroport "Procurez-moi un nègre pour porter mes sacs !"

J'ai laissé tomber ses sacs, je l'ai saisi et l'ai soulevé près de moi et lui ai dit que sa métaphore pouvait être modifiée. Il a fait des excuses et je les ai cru sincères. Nous avons aussitôt oublié cela. Je savais que Jim ne tolérait pas le racisme.


Mais si Jim n'était pas raciste, pourquoi utilisait-il le mot nègre comme on peut le lire dans le livre "A feast of friends" de Frank Lisciandro ? Est-ce que c'était pour obtenir une réaction de la part des gens ?

- À l'époque où je travaillais dans le milieu du rock il y avait peu d'autres Noirs. Des managers racistes ont rapidement compris que les petits ados Blancs pouvaient être intimidés par la présence de grands Noirs, et ils ont loués leur service sur cet effet de peur au lieu de mettre en place des mesures de sécurité réfléchies comme je les avais conçues et mis en pratique.

Jim a été élevé dans un environnement familial raciste, dans un état raciste où l'on brûlait des Noirs au début du 20ème siècle. Beaucoup de membres de la communauté noire ont été assassinés par des foules de Blancs déchaînées et la Communauté Rosewood a cessé d'exister.

C'est de là que Jim venait et il se peut qu'occasionellement, il tienne des propos venimeux sans préméditation. En réalité, il a vu les Noirs américains et les Indiens d'Amérique victimes "d'un génocide", selon ses propres termes, et je savais que James Douglas Morrison n'était pas un raciste.

Jim était connu pour dire certaines choses simplement pour voir la réaction de personne qu'il soupçonnait d'avoir des motivations cachées. Comme je l'ai dit auparavant, Jim était capable de percevoir les angoisses des personnes, il essayait de les faire progresser dans leur vie et s'il a utilisé le mot negro dans ce but (raciste), je n'en étais pas conscient.


Pour en revenir à son voyage en Amérique du Sud, savez-vous dans quel pays il est allé et quels écrivains il a rencontré ?

- Je pense que l'auteur était Gabriel Garcia Marquez, qui a gagné plus tard un prix littéraire et je pense que le pays était le Chili, mais je n'en suis pas certain, peut-être que d'autres pourront corriger. Quand nous sommes retournés à Los Angeles nous avons passé beaucoup de temps à bavarder sous le soleil et ces petites vacances l'avaient détendu. Il était impressioné par l'oeuvre de Gabriel Garcia Marquez et il a eu un contact amical avec lui et d'autres auteurs qui voyaient l'inexorable avancée de la droite conservatrice avalé des pays et des cultures.


Après Miami, les doors ont été très critiqué par la presse. Sont-ils tombés en disgrâce ?

- Les vrais fans des doors le sont restés. En réalité, certains ont été "choqués et stupéfaits." Ils disaient "Cachons les yeux des mômes ! " Leurs mômes faisaient semblant d'être d'accord avec eux mais au fond ils continuaient de s'identifier à l'esprit rebelle des doors. D'autres savaient que Jim était capable de tester des limites jamais imaginées. Quoi que Jim ait découvert au-delà de ces frontières, ce serait des nouveaux regards sur la réalité et ses fans lui diraient "Continue, inspecteur Holmes…"


Jim a eu l'impression d'être un has-been ?

- Pas du tout. Il était épuisé d'être au centre d'un tourbillon depuis tant d'années. Il voulait finir la métamorphose de chanteur des doors en poète et "enquêteur métaphysique" menant une vie simple.


... ou se sentait-il prêt à passer à quelque chose de nouveau ?

- Oui il avait été jusqu'au bout de ce que les doors pouvaient faire, de ce qu'ils pouvaient transmettre en étant un groupe. Leur succès les étonnait toujours un peu. Les doors savaient qu'ils faisaient quelque chose qu'aucun groupe n'avait fait avant eux et qu'aucun autre groupe ne pourrait copier. Mais Jim était fatigué par ce cirque. Les autres le savaient et s'attendaient à ce que cela prenne fin…


Jim a publié plusieurs livres de poésie après Miami. Quand écrivait-il ?

- Il écrivait beaucoup quand il était seul, ce qui était souvent le cas. Je savais quand il voulait être au calme que ce soit dans les hôtels ou chez lui à L.A. Parfois il griffonnait quelques lignes dans un de ses carnets comme une pensée qui lui passait par la tête et qu'il retravaillerait plus tard, mais quand il rédigeait, il le faisait uniquement quand il était seul.


Beaucoup de ses chansons et poèmes avaient été écrites avant les doors ou au début de leur carrière. Ses capacités de création ont-elles diminué à cause de son style de vie et de son alcoolisme ?

- Je ne porte pas de jugement, je ne suis pas un "critique". Avec toutes ces expériences, beaucoup de choses sont devenues plus claires. Il a grandi…


Avez-vous vu Jim consommer des drogues ? De l'héroïne ?

- Je le faisais avec lui ! De l'héroïne ? Jamais ! il détestait cette substance, les deux nous la méprisions. Nous étions heureux avec la majijuana et quelques pilules "étranges" de temps en temps.


Vous aviez connaissance de la consommation d'héroïne par Pam ?

- Ouais. C'était comme vouloir cacher un buffle dans un couloir de metro.


Comment avez-vous découvert que Jim allait en France ? C'était pour y rester ou avait-il prévu de revenir à Los Angeles ?

- Lui et moi en parlions parfois durant des repas ou des voyages. Jim, Ray et Bill Siddons en ont parlé de façon informelle pendant des mois, sans que rien ne soit concret. J'avais accepté un travail à Denver avec Barry Fey et j'ai commencé le 4 juillet (1970) tout en gardant un oeil sur les concerts des doors. Mais c'était très calme, cela se réduisait progressivement.


Lui a-t-on légalement permis de quitter le pays ?

- Max Fink et Paul Josephson n'étaient pas des punks. La réponse est oui.


Quelqu'un m'a dit que Jim a quitté le pays pour éviter d'aller à la prison. Vous êtes d'accord ?

- Non ! C'est ridicule, aucun d'entre nous ne l'a vu comme ça. Après son départ, j'ai appris que les doors ont continué à répéter sans lui.


Avaient-ils l'intention depuis longtemps de sortir un album sans Jim ?

- Pas que je le sache. Mais je n'étais pas au courant de ces débats. De toute façon, ils connaissaient mes affinités avec Jim et je doute qu'ils voulaient parler de cela devant moi.


Le bureau a-t-il continué de fonctionner après le départ de Jim ?

- Oui, les activités commerciales des doors ont continué : l'encaissement des royalties, les négociations pour les concerts, les impôts, les investissements, le versement des salaires. Je dirai que les doors m'ont vraiment très bien payé pour que j'épargne des ennuis à Jim ! Je l'ai fait et j'ai été payé en conséquence.


Pourriez-vous nous parler de votre première rencontre avec Jim et de la fois où vous vous êtes quittés ?

- La première fois. Bill Siddons est venu me prendre au bureau de la West Coast Productions où j'étais chef de la sécurité et nous sommes allés déjeuner. Bill a fait son baratin: le job était "épargner des ennuis à Jim …" Après, nous sommes passés au bureau des doors. Ray et Robby étaient optimistes avec des réserves sur le fait que je possède une pêche d'enfer. Tout le petit monde de la musique à L.A connaissait ma réputation, ce que j'avais fait. Après Jim est arrivé et on nous a présenté. Bill et Ray ont expliqué très rapidement que j'étais d'accord d'empêcher que des personnes lui causent des problèmes. Jim a dit "Bien sûr, pourquoi pas ?" Il a suggéré que nous fassions une promenade et que nous apprenions à nous connaître un peu mieux. Nous avons été au Phone booth où nous avons parlé de manière sincère et ouverte tout en buvant et admirant les strip teaseuse. Nous avons partagé deux ou trois lignes et il s'est détendu. Moi j'étais déjà détendu.

La dernière fois : directement après le concert de l''île de Wight. Nous restions pour voir Hendrix. Les Who et le reste du concert se prolongeait tard et il m'a rappelé que lui et Pam devaient se rendre à Paris. Je lui ai répété que ce serait bien s'il m'avait encore un petit moment là-bas. Il a répondu: "Nah, c'est différent là et je serai ok." J'ai accepté sa décision. Nous étions comme seul dans la foule backstage. On s'est serré la main et on a marché. Je me suis assuré qu'il descendait à Heathrow. Ensuite je me suis trouvé une petite chérie, je me suis saoûlé et je suis rentré à Denver 3 jours plus tard.


Comment avez-vous appris la nouvelle de sa mort ?

- Bill Siddons a appelé le bureau de Barry Fey à Denver et me l'a dit. J'étais prêt à tout laisser tomber et monter dans un avion mais Bill m'a dit que je ne pourrais rien faire. J'ai pris quelques jours de congé.


Comment pensez-vous qu'il soit mort ?

- J'ai immédiatement soupçonné que quelque chose avait mal tourné. Le bougre avait la constitution d'un cheval ! Avec toutes les boissons et les drogues que nous avions prises, le type n'a jamais montré un problème de santé. Il n'y a pas de preuves que les crétins de Nixon ne l'aient pas buté, je pense qu'ils l'ont fait, mais Pam a aussi contribué à faire évoluer les choses dans ce sens-là, c'était connu de tous…


Ce que les fans et les autres devraient connaître de Jim Morrison ?

Nous serons en désaccord si vous ne racontez pas l'histoire de l'homme qu'il était, un type normal ! Et un génie, oui, mais, plus que tout, il était juste un type normal qui aimait être en compagnie de gens ordinaires et normaux.


FIN
Ce message a été modifé par Sister Mid'nite (6 Oct 2014, 6:41)Citer
jimborrison


6 Oct 2014, 8:23
Tout grand merci Sister, on sait le boulot fastidieux que ces traductions représentent.
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Thom


6 Oct 2014, 9:41
ouais merci! tres interessant!
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Nico


6 Oct 2014, 10:14
Top Sister !!!
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Grégoire


6 Oct 2014, 12:23
Merci beaucoup !
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Gérard Depardoors


6 Oct 2014, 12:56
Je te remercie encore plus que tous les autres ci dessus
Tu nous sauves de la crise!
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Gérard Depardoors


6 Oct 2014, 13:38
Je vais te faire un joli dessin!!
quel est ton artiste préféré de 2012? :)
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birdofpray


6 Oct 2014, 15:50
Citation de Sister Mid'nite :
Party three - Last party



Que faisait-il à Miami quand il n'était pas au tribunal ? Est-ce qu'il se détendait en plus du voyage aux Bahamas ?

- Nous avions préparé toute une panoplie de divertissements que nous permettait le Dade County, comme des dîners au calme à l'hôtel, découvrir de la cuisine ethnique, boire modérément ou pas, voir des films, aller à des concerts, rencontrer des femmes, faire du ski nautique et profiter de la vie nocturne. Tout le monde connait le concert avec Canned Heat.

Il y a eu un break de quelques jours et beaucoup sont rentrés à L.A y compris moi. Jim parlait d'aller en Amérique du Sud pour rencontrer de brillants écrivains et décompresser seul. J'avais insisté pour l'accompagner. Il ne fallait pas qu'il arrive quelque chose de grave mais Jim m'a rassuré et a dit qu'il irait seul. Donc je suis retourné à L.A.

Quelques jours plus tard, Bill Siddons et Ray m'ont appelé chez moi à Venice, pour me dire de venir au bureau dès que possible. Je crois que Max Fink et Paul Josephson avaient eu une info comme quoi Jim aurait des ennuis à la douane à son retour aux USA. On m'a informé des dispositions en place à la douane de l'aéroport de Miami et je devais m'assurer que Jim ne soit pas malmené et que l'on ne trouve pas de la drogue dans ses bagages. Notre chauffeur m'a emmené à l'aéroport de L.A et j'ai pris un avion en première classe. Arrivé à Miami je suis allé directement aux douanes pour attendre Jim.

Quand nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes souris. Il marchait avec le reste des passagers. "Les uniformes" ont emmenés Jim pour aller le fouiller et trois d'entre eux m'ont entouré. Je commençais à m'énerver et comme convenu j'ai appelé les avocats Paul Josephson et Max Fink et le bureau des doors. Je me préparais à devoir lutter sérieusement !

Un des jeunes fédéraux (FBI) s'est approché de moi et, alors que la tension montait, il m'a calmement assuré qu'ils ne feraient pas une fouille au corps approfondie, ce qui est la norme quand un accusé de crime rentre aux USA. ll voulait s'assurer que Jim ne transporte pas de drogues, qu'il devait se montrer coopératif sinon il serait incarcéré immédiatement et que moi je ne devais pas m'opposer à la loi fédéral sinon je serai aussi incarcé. Qu'ils faisaient juste leur travail.

J'ai répondu que j'exigeai d'être à proximité de M. Morrison en tant que représentant de l'entreprise Doors Music Inc. et observateur pour le compte des avocats Max Fink et Paul Josephson. Ils ont accepté et Jim était assez intelligent pour savoir que les doors et leurs deux avocats me faisaient confiance pour qu'il n'y ait pas trop de merde. Donc il s'est soumis, parce qu'il n'était pas du tout étonné par ce qui se passait et il savait que ce n'était ni l'endroit ni le moment pour engager la bataille avec l'ennemi.

Cette situation l'a beaucoup tendu et après que les fédéraux l'aient relâché, il a eu besoin de décharger toute cette colère… Le pauvre Jimbo a malheureusement choisi une méthode curieusement offensante. Il a commencé à parler de l'impitoyable oppression de l'establishment sur les peuples de la planète entière, comparant cela à l'esclavagisme subi par mes ancêtres et il a crié dans le hall de l'aéroport "Procurez-moi un nègre pour porter mes sacs !"

J'ai laissé tomber ses sacs, je l'ai saisi et l'ai soulevé près de moi et lui ai dit que sa métaphore pouvait être modifiée. Il a fait des excuses et je les ai cru sincères. Nous avons aussitôt oublié cela. Je savais que Jim ne tolérait pas le racisme.


Mais si Jim n'était pas raciste, pourquoi utilisait-il le mot nègre comme on peut le lire dans le livre "A feast of friends" de Frank Lisciandro ? Est-ce que c'était pour obtenir une réaction de la part des gens ?

- À l'époque où je travaillais dans le milieu du rock il y avait peu d'autres Noirs. Des managers racistes ont rapidement compris que les petits ados Blancs pouvaient être intimidés par la présence de grands Noirs, et ils ont loués leur service sur cet effet de peur au lieu de mettre en place des mesures de sécurité réfléchies comme je les avais conçues et mis en pratique.

Jim a été élevé dans un environnement familial raciste, dans un état raciste où l'on brûlait des Noirs au début du 20ème siècle. Beaucoup de membres de la communauté noire ont été assassinés par des foules de Blancs déchaînées et la Communauté Rosewood a cessé d'exister.

C'est de là que Jim venait et il se peut qu'occasionellement, il tienne des propos venimeux sans préméditation. En réalité, il a vu les Noirs américains et les Indiens d'Amérique victimes "d'un génocide", selon ses propres termes, et je savais que James Douglas Morrison n'était pas un raciste.

Jim était connu pour dire certaines choses simplement pour voir la réaction de personne qu'il soupçonnait d'avoir des motivations cachées. Comme je l'ai dit auparavant, Jim était capable de percevoir les angoisses des personnes, il essayait de les faire progresser dans leur vie et s'il a utilisé le mot negro dans ce but (raciste), je n'en étais pas conscient.


Pour en revenir à son voyage en Amérique du Sud, savez-vous dans quel pays il est allé et quels écrivains il a rencontré ?

- Je pense que l'auteur était Gabriel Garcia Marquez, qui a gagné plus tard un prix littéraire et je pense que le pays était le Chili, mais je n'en suis pas certain, peut-être que d'autres pourront corriger. Quand nous sommes retournés à Los Angeles nous avons passé beaucoup de temps à bavarder sous le soleil et ces petites vacances l'avaient détendu. Il était impressioné par l'oeuvre de Gabriel Garcia Marquez et il a eu un contact amical avec lui et d'autres auteurs qui voyaient l'inexorable avancée de la droite conservatrice avalé des pays et des cultures.


Après Miami, les doors ont été très critiqué par la presse. Sont-ils tombés en disgrâce ?

- Les vrais fans des doors le sont restés. En réalité, certains ont été "choqués et stupéfaits." Ils disaient "Cachons les yeux des mômes ! " Leurs mômes faisaient semblant d'être d'accord avec eux mais au fond ils continuaient de s'identifier à l'esprit rebelle des doors. D'autres savaient que Jim était capable de tester des limites jamais imaginées. Quoi que Jim ait découvert au-delà de ces frontières, ce serait des nouveaux regards sur la réalité et ses fans lui diraient "Continue, inspecteur Holmes…"


Jim a eu l'impression d'être un has-been ?

- Pas du tout. Il était épuisé d'être au centre d'un tourbillon depuis tant d'années. Il voulait finir la métamorphose de chanteur des doors en poète et "enquêteur métaphysique" menant une vie simple.


... ou se sentait-il prêt à passer à quelque chose de nouveau ?

- Oui il avait été jusqu'au bout de ce que les doors pouvaient faire, de ce qu'ils pouvaient transmettre en étant un groupe. Leur succès les étonnait toujours un peu. Les doors savaient qu'ils faisaient quelque chose qu'aucun groupe n'avait fait avant eux et qu'aucun autre groupe ne pourrait copier. Mais Jim était fatigué par ce cirque. Les autres le savaient et s'attendaient à ce que cela prenne fin…


Jim a publié plusieurs livres de poésie après Miami. Quand écrivait-il ?

- Il écrivait beaucoup quand il était seul, ce qui était souvent le cas. Je savais quand il voulait être au calme que ce soit dans les hôtels ou chez lui à L.A. Parfois il griffonnait quelques lignes dans un de ses carnets comme une pensée qui lui passait par la tête et qu'il retravaillerait plus tard, mais quand il rédigeait, il le faisait uniquement quand il était seul.


Beaucoup de ses chansons et poèmes avaient été écrites avant les doors ou au début de leur carrière. Ses capacités de création ont-elles diminué à cause de son style de vie et de son alcoolisme ?

- Je ne porte pas de jugement, je ne suis pas un "critique". Avec toutes ces expériences, beaucoup de choses sont devenues plus claires. Il a grandi…


Avez-vous vu Jim consommer des drogues ? De l'héroïne ?

- Je le faisais avec lui ! De l'héroïne ? Jamais ! il détestait cette substance, les deux nous la méprisions. Nous étions heureux avec la majijuana et quelques pilules "étranges" de temps en temps.


Vous aviez connaissance de la consommation d'héroïne par Pam ?

- Ouais. C'était comme vouloir cacher un buffle dans un couloir de metro.


Comment avez-vous découvert que Jim allait en France ? C'était pour y rester ou avait-il prévu de revenir à Los Angeles ?

- Lui et moi en parlions parfois durant des repas ou des voyages. Jim, Ray et Bill Siddons en ont parlé de façon informelle pendant des mois, sans que rien ne soit concret. J'avais accepté un travail à Denver avec Barry Fey et j'ai commencé le 4 juillet (1970) tout en gardant un oeil sur les concerts des doors. Mais c'était très calme, cela se réduisait progressivement.


Lui a-t-on légalement permis de quitter le pays ?

- Max Fink et Paul Josephson n'étaient pas des punks. La réponse est oui.


Quelqu'un m'a dit que Jim a quitté le pays pour éviter d'aller à la prison. Vous êtes d'accord ?

- Non ! C'est ridicule, aucun d'entre nous ne l'a vu comme ça. Après son départ, j'ai appris que les doors ont continué à répéter sans lui.


Avaient-ils l'intention depuis longtemps de sortir un album sans Jim ?

- Pas que je le sache. Mais je n'étais pas au courant de ces débats. De toute façon, ils connaissaient mes affinités avec Jim et je doute qu'ils voulaient parler de cela devant moi.


Le bureau a-t-il continué de fonctionner après le départ de Jim ?

- Oui, les activités commerciales des doors ont continué : l'encaissement des royalties, les négociations pour les concerts, les impôts, les investissements, le versement des salaires. Je dirai que les doors m'ont vraiment très bien payé pour que j'épargne des ennuis à Jim ! Je l'ai fait et j'ai été payé en conséquence.


Pourriez-vous nous parler de votre première rencontre avec Jim et de la fois où vous vous êtes quittés ?

- La première fois. Bill Siddons est venu me prendre au bureau de la West Coast Productions où j'étais chef de la sécurité et nous sommes allés déjeuner. Bill a fait son baratin: le job était "épargner des ennuis à Jim …" Après, nous sommes passés au bureau des doors. Ray et Robby étaient optimistes avec des réserves sur le fait que je possède une pêche d'enfer. Tout le petit monde de la musique à L.A connaissait ma réputation, ce que j'avais fait. Après Jim est arrivé et on nous a présenté. Bill et Ray ont expliqué très rapidement que j'étais d'accord d'empêcher que des personnes lui causent des problèmes. Jim a dit "Bien sûr, pourquoi pas ?" Il a suggéré que nous fassions une promenade et que nous apprenions à nous connaître un peu mieux. Nous avons été au Phone booth où nous avons parlé de manière sincère et ouverte tout en buvant et admirant les strip teaseuse. Nous avons partagé deux ou trois lignes et il s'est détendu. Moi j'étais déjà détendu.

La dernière fois : directement après le concert de l''île de Wight. Nous restions pour voir Hendrix. Les Who et le reste du concert se prolongeait tard et il m'a rappelé que lui et Pam devaient se rendre à Paris. Je lui ai répété que ce serait bien s'il m'avait encore un petit moment là-bas. Il a répondu: "Nah, c'est différent là et je serai ok." J'ai accepté sa décision. Nous étions comme seul dans la foule backstage. On s'est serré la main et on a marché. Je me suis assuré qu'il descendait à Heathrow. Ensuite je me suis trouvé une petite chérie, je me suis saoûlé et je suis rentré à Denver 3 jours plus tard.


Comment avez-vous appris la nouvelle de sa mort ?

- Bill Siddons a appelé le bureau de Barry Fey à Denver et me l'a dit. J'étais prêt à tout laisser tomber et monter dans un avion mais Bill m'a dit que je ne pourrais rien faire. J'ai pris quelques jours de congé.


Comment pensez-vous qu'il soit mort ?

- J'ai immédiatement soupçonné que quelque chose avait mal tourné. Le bougre avait la constitution d'un cheval ! Avec toutes les boissons et les drogues que nous avions prises, le type n'a jamais montré un problème de santé. Il n'y a pas de preuves que les crétins de Nixon ne l'aient pas buté, je pense qu'ils l'ont fait, mais Pam a aussi contribué à faire évoluer les choses dans ce sens-là, c'était connu de tous…


Ce que les fans et les autres devraient connaître de Jim Morrison ?

Nous serons en désaccord si vous ne racontez pas l'histoire de l'homme qu'il était, un type normal ! Et un génie, oui, mais, plus que tout, il était juste un type normal qui aimait être en compagnie de gens ordinaires et normaux.


FIN

Oh non pas FIN!!! :,(
Allez vas-y Sister continue, encore, encore, enCOOORE!!!
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