A Ship Of Fools - The Doors

"Ce qui ne peut être évité, il faut l'embrasser". Paraphrasant Shakespeare, voilà comment PPDA commence son adieu au prompteur et à ses dix millions de téléspectateurs quotidiens. "Alors très modestement, puisque je n'ai pas pu éviter ce qui arrive ce soir, je vous embrasse tous et j'embrasse la rédaction qui m'a accompagné si fidèlement depuis 21 ans maintenant. Le succès de ce journal, jamais démenti jusqu'au dernier jour, c'est à elle que nous le devons."

Le ton chevrotant et la verve poétique : tout y est pour mettre en scène un départ contraint et forcé. PPDA quitte TF1 sans doute pour avoir comparé le président Sarkozy à un enfant. Lui qui pensait conserver son fauteuil de présentateur jusqu'en 2012, a déjà dénoncé plusieurs fois la brutalité de son éviction alors que son JT était de loin le plus regardé de France. Jeudi soir, c'était une ultime occasion de clamer les bons résultats de son journal, et aussi le plaisir qu'il a pu prendre tout au long de ces deux décennies. "C'est un métier magique et c'est un bonheur de l'avoir exercé ici", déclare-t-il.

Un retour?

Un métier difficile à quitter semble-t-il suggérer. Pas question pour PPDA d'évoquer sa future remplaçante, Laurence Ferrari, qui prendra les commandes du JT à la rentrée. Pas question non plus de mentionner les membres de la direction de TF1, comme Nonce Paolini, à l'origine de cette décision. Juste une allusion bienveillante à celui qui le remplacera cet été, Harry Roselmack. Et puis cette déclaration, à la fin de son intervention : "Je suis sûr qu'on se reverra très vite". Une manière de suggérer qu'il devrait bientôt revenir sur les écrans.

Sur France Info dans la journée, le présentateur avait expliqué avoir reçu "vingt-cinq possibilités diverses" de travail et avoir systématiquement refusé "quand il s'agissait de prendre la place de quelqu'un". Là encore, Laurence Ferrari appréciera. Le présentateur est par ailleurs toujours dans l'attente d'une lettre de licenciement de TF1, affirmant avoir eu "zéro négociation".

PPDA s'est toujours refusé à commenter les motifs de son licenciement, notamment le fait que Nicolas Sarkozy ait été offensé qu'il l'ait comparé à un enfant. "J'ai toujours essayé d'être distant vis-à-vis des politiques, ce qui me vaut des ennuis, notamment avec ceux que je n'ai pas invités", expliquait-il jeudi dans Le Parisien. Il estime également avoir résisté aux pressions lors de ces années à la tête du 20h00 "parce que j'ai les épaules et parce que je suis patron de mon journal."

Sur la même radio, l'ex-star du 20h a critiqué jeudi le projet de l'Elysée de faire nommer le président de France Télévisions par l'exécutif, et non plus par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). "Ce n'est pas une avancée. Il y a vingt ans, lorsqu'il a été décidé que cette nomination ne serait plus du ressort du pouvoir central, j'ai trouvé que c'était une bonne chose", a-t-il dit. "Je trouve que c'est assez insultant de laisser entendre que le CSA n'est qu'un faux nez du pouvoir. Il y a des gens d'une immense qualité (...) et ces gens prennent des décisions en pleine liberté", a-t-il ajouté, pourfendant l'initiative élyséenne. Le présentateur vedette du 20h, qui a salué ses téléspectateurs d'un "adieu-vat" tout breton, semble déjà bien se sentir dans son nouveau costume d'observateur du PAF.