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The Backdoorman


8 Sep 2005, 8:04
Le 3 mars 1971.Los Angeles, Santa Monica Boulevard.

Cher Michael ,
Ce matin, j’ai quitté L.A. par le premier greyhound en partance. Seul car Pamela est à Paris depuis une quinzaine déjà. Destination nulle part. Envie de tout arrêter, même de me saoûler la gueule… Qu’importe, il y a du bon à se laisser porter par les évènements. « We all live in the city ». Prudent, j’ai glissé une liasse de billets de cent dollars au fond de la poche de mon anorak, au cas où…

Certes, Rimbaud avait deviné que l’un des grands cheminements vers la poésie passe par le dérèglement des sens. L’aventure psychique d’Une saison en Enfer m’a mis le vin à la bouche. Dommage que le cannabis indiana de Théophile Gauthier et des Haschichins ne permit guère que d’ouvrir un zoo peuplé de licornes, de griffons et de centaures. De la poudre de perlimpinpin comparée à la mescaline voire à l’acide lysergique.

Mon vieux, Patricia Kennealy vient de m'avouer qu’elle était en cloque, de moi. Même si l’idée de le faire passer vient d’elle, ma main à couper qu’il ne faudrait pas que j’insiste longtemps pour qu’elle le garde. Sacrée Pat ! Il n’y a qu’elle pour oser me tenir la dragée haute quand je pète les plombs… Et pas le genre à me prendre pour le Christ ressuscité ou Dionysos descendu de l’Olympe. J’en ai ma claque des groupies, Pamela en tête ! « She looked so sad in sleep » Je n’arrive pas à croire qu’elle puisse continuer à astiquer le piédestal sans se poser plus de questions. Combien de fois l’ai-je humiliée sans ménagements ? Combien de fois m’a-t-elle retrouvé vautré dans mes déjections ? Aucun amour-propre, shit, marre de la rousse étudiante des Beaux-Arts accro aux héros et à l’héroïne ! Poor Pamela, « the bads guys are winning ».

Diane [Gardiner] m’a scié hier soir : d’après elle, le LSD serait extrait de champignons mexicains utilisés par les prêtres mayas. Contrairement à la cocaïne, l’acide [lysergique] ne nous bouffe pas les neurones, ne produit aucune accoutumance et n’isole pas de la réalité. Au contraire, il favorise la juxtaposition d’une perception acérée du milieu ambiant avec un « départ » immédiat vers les royaumes de l’impossible. Génial, non ?

[poème écrit dans le bus]
The dark hidden gods.
I could feel my body . As I was going down Madhouse’s fire-escape stairs I vomited my coke above a yellow cab. Had anyone seen the fool? I sneaked inside the clinic chamber once. “Keep away old ladies with your ovaries removed and your pink night-gown!” I can become gigantic or small but I’m unlaid. What’s this life? Am I right? In time of need they raped the angels. No more suffering for them. The room closed down on me but I opened the door.
[traduction]
Les obscurs dieux cachés.
Pouvoir sentir mon corps. Alors que, l’estomac noué, je dégringolai l’escalier de secours de l’asile, j’ai vomi mon coke sur un taxi jaune garé en-dessous. Quelqu’un a-t-il jamais rencontré un authentique taré ? Machine arrière : je me suis glissé en douce dans la chambre d’isolement. « Hors de ma vue, vieilles peaux, planquez vos ovaires avariés et vos infâmes nuisettes roses ! » Je puis devenir géant ou nain mais toujours je serai différent des autres. Que dire de cette vie de merde ? Suis-je O.K. ou K.O. ? Quand ils ont la dalle, ces enfoirés se tapent même des mômes. Aucune souffrance ne semble les émouvoir. La porte de la chambre s’est refermée sur moi, mais qu’importe puisque j’ai piqué la clé !

Allez, je repars dans mes trips. Il faudra décider quelque chose avec la Paramount pour The Adept, j’ai vraiment envie de faire ce film avec toi. Peut-être fin 71 ou début 72.

Jim.
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