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The Backdoorman


8 Sep 2005, 8:03
Paris, le 15 mars 1971.

Michael,
Hier soir, sous l’effet du LSD, Pamela bouffait du corned-beef, des boîtes entières ! Si nous ne sommes pas accro à l’acide, l’acide nous rend accro à n’importe quoi ! Nous passons successivement par des états d’hébétude, de délire, de cauchemar et de terreur. D’intenses jouissances inconnues dont l’attraction peut être plus forte que notre instinct de conservation. Combien de fois ai-je quitté ma chambre d’hôtel par la corniche ou sautillé sur le bord des falaises ?

[auto-fiction]
L’homme a poussé la porte de l’immeuble. Des formes allongées jonchent le sol des couloirs du métro. Il monte dans une rame et s’arrête au hasard quelques stations plus loin, comme à la roulette russe lorsque la main fait tourner le barillet. Indécis, il va s’asseoir sur un banc en ciment dans un petit square. Les dernières voitures roulent dans la ville endormie. L’aube est encore loin.

En prêtant un peu d’attention au paysage, il se rend compte qu’il est revenu machinalement rue de Seine à deux cents mètres du Rock & Roll Circus . Une pause avant de plonger. Il est des moments où la solitude est une compagne agréable.

Ses pensées deviennent à chaque minute plus âcres et plus sombres : « Je cours sur une route sinueuse derrière mon propre fantôme et au milieu des folies qui nous enivrent. Quelle sera ma fin ? Il y a fort à parier que l’énergie développée ici se poursuive ailleurs, dans l’impossibilité de s’arrêter net à la sortie du virage fatal, entraînée par sa propre vitesse, tels ces dindons décapités qui galopent encore plusieurs minutes après leur mort. Oh ! non, assez de fatigue ! Rien de tout cela n’a d’importance , seule m’apparaît terrible mon impuissance au bonheur. Il vaudrait mieux que nous ne fussions pas nés car comment supposer que tout finisse à la mort ? »

Le square est déjà dans l’obscurité la plus complète. L’homme se hâte de reprendre la route vers l’Hôtel Georges V et les Champs-Elysées. Il sera en retard pour le dîner, - si Patricia est en état de descendre au restaurant! Les rues qu’il traverse sont peu fréquentées. Par ci par là, une lueur rougeâtre provenant d’une fenêtre projette sur le mur d’en face un rectangle de lumière. On dirait qu’il va pleuvoir, pense-t-il. Le ciel s’assombrit encore.[fin]

Je te poste ces insanités en te laissant le soin de faire le tri. J’ai encore sur l’estomac le festin entre amis avec la troupe au grand complet : Tom [Baker], Babe [Hill] et Franck [Lisciandro]. Je me demande lequel de nous quatre a pris les commandes de l’escadrille dans ce vol sans retour. Hier, Patricia [Kennealy] m’a envoyé un poème-télégramme qui m’a laissé sans voix :
« Indian wars. Jim by our first strange and fatal interview, we have slain and been slain. It’s gorgeous to die and forget. Tomorrow, when you will leave me, what will you say? O Jim Death let you out. No sleep in the darkness!” Pat.
[Guerres indiennes. Jim lors de l’étrange et fatal jour de notre rencontre, nous avons tué et nous avons été tués. C’est superbe de mourir et d’oublier. Demain, quand tu me quitteras, que vas-tu inventer ? O Jim, la mort t’a laissé échapper ! Pas de sommeil dans l’obscurité !].
Adios gringo, que Dieu te garde !

Jim.
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